- Accueil
- Lutte ouvrière n°1714
- Massacres de Setif et Guelma (mai 1945) : Quand le quotidien l'Humanité se penche sur l'histoire du PCF
Divers
Massacres de Setif et Guelma (mai 1945) : Quand le quotidien l'Humanité se penche sur l'histoire du PCF
L'Humanité du 8 mai dernier a profité des discussions actuelles sur la pratique de la torture durant la guerre d'Algérie pour revenir sur les massacres perpétrés par l'armée et l'aviation françaises le 8 mai 1945 dans le Constantinois algérien (on peut lire en page 15 de ce journal la critique d'un livre consacré, entre autres, à ces événements).
Les déclarations du sinistre général Aussaresses contribuent à alimenter une controverse sur la responsabilité des dirigeants politiques qui, en France, étaient aux commandes durant cette guerre coloniale qui n'osait pas dire son nom, la guerre d'Algérie.
Mais on ne peut pas dire que le quotidien tienne, plus de cinquante ans plus tard, à éclairer ses lecteurs sur ce que fut la politique du PCF à l'époque. Il indique que "la France... n'était pas prête à accorder l'indépendance, ou même à discuter d'un nouveau statut pour les peuples sous domination coloniale". L'Humanité aurait pu rappeler que le PCF lui-même avait des ministres dans ce gouvernement de la France.
A l'époque, l'une de ses brochures au titre évocateur, "Au service de la renaissance française", résumait la politique du Parti. Elle affirmait : "Notre pays est une puissance des cinq parties du monde et ne découvre pas de raison pour laquelle il devrait cesser de l'être au profit d'autres grands Etats, en abdiquant en leur faveur une part de sa souveraineté sur les territoires ou sur les richesses". Un de ses députés déclarait sans ambage : "Nous affirmons d'abord que la République française, métropole et territoires d'outre-mer, est une et indivisible".
Les animateurs des manifestations algériennes d'alors, les partisans du PPA de Messali Hadj (Parti du Peuple Algérien), interdit et transformé en MTLD (Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques), furent dénoncés par le PCF comme des provocateurs, et pas de la façon polie dont le rapporte aujourd'hui L'Humanité. "Le PCF, écrit-elle aujourd'hui, condamne la répression, tout en évoquant de possibles provocations visant à dresser la population musulmane contre la population européenne, alors que l'Europe vient d'en finir avec la guerre". Mais le 12 mai 1945, L'Humanité écrivait plus crûment : "Les instruments criminels de la grosse colonisation sont le MTLD et le PPA et ses chefs, tels Messali et les mouchards à sa solde, qui, lorsque la France était sous la domination nazie, n'ont rien dit et rien fait et qui, maintenant, réclament l'indépendance. Ce qu'il faut, c'est châtier impitoyablement les organisateurs des troubles" !
Un des ministres de ce gouvernement était le communiste Charles Tillon. En tant que ministre de l'Air il était responsable de cette aviation qui décima les manifestants. Il a prétendu après coup qu'il n'avait pas été "informé". Difficile à croire ! Mais si c'était le cas, à quoi sert donc un ministre à qui on cache les décisions le concernant ? Sinon à cautionner le pire ! En tout cas Charles Tillon se tut et resta au gouvernement comme ses autres confrères ministres du Parti, qui laissèrent une population désarmée se faire massacrer.