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Leur société
PCF : Robert Hue s'interroge... sans donner de réponses
Au lendemain des élections municipales, Jospin s'est entretenu avec chacun de ses partenaires de "majorité plurielle", et leur a proposé un nouveau "sommet de la gauche" fin juin prochain, faisant suite à celui qui s'était tenu en novembre dernier et que tout le monde a déjà oublié.
Interviewé sur Europe1 le 9 mai, Robert Hue n'a pas fait montre d'un grand enthousiasme à cette idée : "Je suis très interrogatif, a-t-il dit,. J'ai été de ceux qui le souhaitaient. Aujourd'hui, je demande que, d'abord, on commence à appliquer les dispositions du premier sommet de la gauche plurielle", propos marqués du sceau du bon sens. Il a fallu six mois à Robert Hue pour découvrir que même le souriceau dont avait accouché le précédent sommet n'était qu'un souriceau virtuel qui n'a pas encore pris corps. Par exemple ce sommet se fixait pour objectif de revaloriser les minima sociaux afin qu'ils dépassent "progressivement le seuil de pauvreté". Engagement on ne peut plus prudent. Et pourtant ce progressivement s'est traduit par du sur place. Quant au serpent de mer de la taxation du travail précaire, qui figurait dans le maigre catalogue issu du précédent sommet, il s'est perdu lui aussi dans les profondeurs de l'oubli.
Robert Hue feint de s'en étonner aujourd'hui et se fait même grondeur, lorsqu'il évoque ces promesses non tenues. Comme si c'était les premiers reniements de Jospin et de son équipe. Cela n'avait pas empêché les dirigeants du PCF, à l'issue du sommet de novembre, de faire semblant d'y croire et de se flatter de ses résultats qui, à les entendre à l'époque, attestaient de l'efficacité de la présence du PCF au sein de la majorité plurielle.
Aujourd' hui le ton change. Le jeu de dupes auquel participe volontairement le PCF est devenu plus difficile à justifier et Robert Hue insiste désormais un peu plus sur le constat qu'''"une partie de l'échec électoral de la gauche aux municipales, tient au fait que les engagements pris en commun n'ont pas été tenus". Il y voit une "dérive droitière" du gouvernement - ce qui supposerait que le gouvernement avait, un temps, choisi un cap à gauche. On a bien du mal à voir quand ! Le secrétaire du PCF se fait même menaçant, précisant que la participation du PCF au gouvernement jusqu'en 2002 "dépendra de l'évolution de la majorité plurielle et des choix faits par le gouvernement", ajoutant que "le Parti Communiste ne va pas se ficeler les mains comme ça sans avoir des assurances". Lesquelles ? Mystère. Silence aussi sur ce qu' envisage la direction du PCF dans l'hypothèse, loin d'être improbable, que Jospin ne reprenne pas le bon cap.
Les militants ouvriers, à commencer par les militants du PCF, ont besoin que l'on tienne un discours clair, qui définisse des perspectives qui ne soient pas ambiguës, qui appelle un chat un chat, et qui désigne une politique propatronale - celle de Jospin, Fabius, Guigou - pour ce qu elle est : une politique ouvertement antiouvrière. Ils ont besoin, pour mieux se préparer, pour mieux se défendre, pour mieux se préparer à reprendre l'initiative, qu'on leur dise qui est dans le même camp qu'eux, et qui, parmi leurs faux alliés, se range dans le camp adverse.