Conservatoire national des Arts et Métiers - Paris : L'art de saborder les métiers09/12/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/12/une1897.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Conservatoire national des Arts et Métiers - Paris : L'art de saborder les métiers

Le Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) assure un service public de formation pour adultes. Chaque année, à la seule condition d'avoir le baccalauréat, 80000 auditeurs suivent ses cours, le plus souvent en soirée. Les enseignants y font aussi de la recherche. L'autre mission du CNAM est de diffuser la culture scientifique et technique grâce au musée des Arts et Métiers.

Deux assemblées générales des personnels se sont tenues à l'appel de l'intersyndicale, mardi 23 et vendredi 26 novembre. On n'avait pas vu autant de monde en colère réuni depuis longtemps: près de 200 personnes sur 1500 salariés répartis sur plusieurs sites. L'inquiétude est grande en raison des restrictions budgétaires et à cause des incertitudes sur l'avenir.

Pour le budget 2005, il manquerait 21 millions d'euros, dont un tiers pour la mise en conformité avec la réglementation incendie. La sécurité est le cadet des soucis de l'administration: il n'y a plus de CHS depuis le mois de mars, et les travaux de réhabilitation des bâtiments sont sans cesse différés. Mais il y a pire: le président du conseil d'administration, Dehecq, par ailleurs PDG de Sanofi, entreprise très profitable, envisage de "fermer le CNAM".

En attendant, il y a eu 10 millions d'euros enlevés dans le budget de fonctionnement des services, soit une baisse de 20%. Or, il y avait déjà eu une diminution de 30% en 2004! Et d'autres mesures d'austérité sont déjà annoncées: les travaux d'entretien et les achats de bureautique seraient gelés, et aussi la masse salariale. Comme celle-ci augmente chaque année par le jeu normal de l'ancienneté, cela conduirait à ne pas renouveler les contrats à durée déterminée des trois cents collègues qui en bénéficient. Ces suppressions de postes s'ajouteraient au non-remplacement de fonctionnaires partant en retraite. L'autre "solution" envisagée serait de réduire l'offre de formation aux usagers du CNAM.

Toutes ces mesures jetteraient des collègues au chômage, aggraveraient les conditions de travail et le service rendu au public. Un conseil d'administration extraordinaire a été convoqué pour décider cette orientation d'austérité.

L'assemblée générale a donc voté une motion dénonçant les "solutions" de la direction et exigeant non seulement le maintien des CDD mais aussi la création d'emplois. Le même jour une centaine de travailleurs du CNAM allaient chahuter la réunion du conseil d'administration, provoquant un départ rapide de Dehecq.

En tout cas, à peine l'assemblée générale avait-elle eu lieu que la direction trouvait les millions nécessaires à la sécurité incendie, encore introuvables la veille. Un premier succès encourageant. Pour la suite, il y a en préparation une journée de grève, qui associerait tous les personnels et les auditeurs des cours du CNAM.

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