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Côte-d'Ivoire : Gbagbo demande aux entrepreneurs français de revenir
Dans son numéro du 23novembre, le mensuel Pouvoir aux Travailleurs édité par l'Union Africaine des Travailleurs Communistes Internationalistes publie un article qui montre que le régime de Gbagbo, tout en jouant sur les sentiments antifrançais d'une partie de la population, ne s'en tourne pas moins vers les capitalistes français.
"À la suite de l'exode d'une partie importante des ressortissants français de la Côte-d'Ivoire, Gbagbo implore le retour des entrepreneurs français. Il a reçu le représentant local de ces derniers et lui a promis des cadeaux sous diverses formes: exonérations des frais de stockage au port, ajournements de paiement des impôts et autres taxes.
À combien s'élève le montant de tous ces cadeaux? Ceux qui les empocheront le sauront, mais pas la population qui les payera d'une manière ou d'une autre. Emboîtant le pas à Gbagbo, le journal pro-gouvernemental Fraternité Matin se met lui aussi à lancer des fleurs en direction du patronat français. Dans son numéro du 19 novembre il écrit: "La conséquence la plus grave d'un départ des Français de la Côte-d'Ivoire sera la disparition de ces petites et moyennes entreprises ou industries (PME/PMI)". (...)
Près de 600 sociétés françaises sont implantées dans ce pays dans différents secteurs d'activité économique, de la restauration, la petite distribution, des services, jusqu'aux très grandes plantations industrielles, en passant par les sociétés d'import-export, de construction et travaux publics, de distribution d'eau et d'électricité, de téléphonie, des banques, etc. Selon le président de la chambre de commerce et d'industrie ivoirienne, les sociétés françaises représentent le quart des investissements dans le pays, et comptent pour près de 50% dans les recettes fiscales. Ce n'est pas par hasard que l'armée française n'a jamais quitté ce pays depuis la colonisation.
La Côte-d'Ivoire n'a en effet jamais cessé depuis le début du règne d'Houphouët Boigny d'être la chasse gardée de l'impérialisme français. Et Gbagbo, une fois parvenu au pouvoir, n'a jamais dénoncé cet état de fait car il sait très bien que, tout en protégeant ses propres intérêts, l'impérialisme français assure aussi la sécurité des régimes en place. Les partisans de Gbagbo crient haut et fort leur hostilité à l'égard des troupes françaises et dénoncent que celles-ci ne font rien pour désarmer les forces dites rebelles. Mais ils savent parfaitement que si, au tout début de la crise, en septembre 2002, alors que la rébellion avançait vers Abidjan, l'armée française n'avait pas été là pour la stopper, la repousser vers Bouaké et l'y maintenir, le régime de Gbagbo n'aurait peut-être pas survécu.
Aujourd'hui Gbagbo demande aux entrepreneurs français de revenir en Côte-d'Ivoire. À supposer que ceux-ci reviennent, ce ne sera certainement pas pour ses beaux yeux ni pour "créer des emplois" comme semble vouloir dire son porte-voix Fraternité Matin, mais uniquement pour exploiter les travailleurs de Côte-d'Ivoire avec les bas salaires et les conditions de travail dignes des temps anciens. (...)"