Côte-d'Ivoire : L'armée française tue... et ment09/12/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/12/une1897.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Côte-d'Ivoire : L'armée française tue... et ment

Entre le 6 novembre, où les hélicoptères militaires français ont ouvert le feu pour empêcher la foule de franchir les ponts d'Abidjan, notamment au canon de 20mm, et le 9 novembre, où les troupes de la force Licorne ont tiré sur les manifestants devant l'hôtel Ivoire, plusieurs dizaines de civils et de soldats ivoiriens ont été tués par les troupes de l'ancienne puissance coloniale.

Il a fallu pratiquement trois semaines pour que, devant l'évidence des exactions françaises et les multiples témoignages indignés, la ministre de la Défense admette, lors du Grand Jury RTL-Le Monde, le 28 novembre: "Les soldats français ont été amenés à tirer. Ils ont effectué des tirs de sommation et, dans certains cas, ont été amenés à faire un usage total de leurs armes à feu. Il n'y avait pas moyen de faire autrement." Un médecin ivoirien qui coordonnait les secours d'urgence parle de "morts par étouffement dans la bousculade" ainsi que de victimes "tuées ou blessées par des balles de différents calibres" et de "pieds et mains arrachés, vraisemblablement par l'explosion de grenades". Les téléspectateurs qui ont vu un reportage saisissant de Canal+ ont pu constater que les manifestants, femmes, enfants, hommes aux mains nues, étaient désarmés et sans défense. Le 30 novembre, le porte-parole de l'opération Licorne admettait sans frémir qu'à l'occasion des "tirs de sommation" exercés depuis les hélicoptères français au-dessus des ponts d'Abidjan le 6 novembre, "il a pu y avoir des ricochets et un certain nombre de choses qui peuvent faire qu'il y a eu des victimes". Bel euphémisme!

Cela n'a pas empêché le général Poncet, qui commande les forces françaises Licorne en Côte-d'Ivoire, d'invoquer, le 3décembre sur France Info, la "légitime défense" dans le cadre de la fusillade de l'hôtel Ivoire, tout en ajoutant: "Si effectivement nous avions tiré sur la foule, ce ne seraient pas deux, trois, quatre ou cinq morts qu'on aurait eus, mais des centaines de morts". Au mépris qui s'exprime à travers ce mensonge, on reconnaît l'attitude d'officiers issus en droite ligne de l'époque coloniale avec laquelle la France n'a pas rompu. Au même moment, c'est le chef d'état-major des armées françaises, le général Bentégeat, qui réitérait, en réponse à un journaliste, la version officielle de la "protection des ressortissants [français] directement agressés" et d'"émeutiers le plus souvent armés" face auxquels il a été "fait un usage important d'armes non létales".

Cette cascade de déclarations aussi contradictoires que révoltantes ne parvient pas à masquer le rôle réel des militaires de Licorne. Pour protéger les intérêts des capitalistes fuyant la Côte-d'Ivoire, ils n'hésitent pas à tirer sur la foule et à tuer. Une seule réponse est possible: les Français et les troupes françaises hors de Côte-d'Ivoire!

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