Médecins spécialistes : Pleure pas la bouche pleine09/12/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/12/une1897.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Médecins spécialistes : Pleure pas la bouche pleine

Les médecins spécialistes sont passés à l'acte. Plusieurs centaines menacent de fermer leurs cabinets du 6 au 12 décembre et 1200 sont partis en bus, de Perpignan, pour un "exil symbolique" à... Barcelone. En fait d'exil, ils participent à un colloque sur... les systèmes médicaux européens. On ne sait d'ailleurs pas qui a payé les frais de cet aller-retour médiatique.

Les médecins spécialistes disent qu'ils vont perdre des clients avec la nouvelle convention médicale. En effet, au 1er janvier, un malade devra d'abord voir un généraliste, qui l'enverra éventuellement consulter un spécialiste. Le prix de la consultation spécialiste passera à 27 euros au lieu de 23 ou 25 euros aujourd'hui, selon la spécialité. Le malade serait remboursé intégralement alors qu'aujourd'hui il l'est à 70%. Par contre, s'il consulte directement un spécialiste, il payera 30 euros et sera moins bien remboursé.

Rien ne dit que ce système sera appliqué, mais les syndicats des spécialistes crient avant qu'on ne les touche. Pour compenser la baisse hypothétique de leur clientèle, ils réclament une augmentation bien réelle de leurs tarifs -ce qu'ils appellent des dépassements d'honoraires- de... 30 à 70%, puisqu'ils demandent une consultation de 30 à 40 euros.

Il y a deux mois, des chirurgiens avaient menacé de partir, eux aussi, en "exil" mais à Londres. Douste-Blazy avait su les retenir en débloquant pour un "plan chirurgie", 113millions d'euros sur deux ans, ce qui permettait, entre autres, une augmentation de 12,5% de leurs honoraires. En 2002, les médecins généralistes avaient obtenu la consultation à 20 euros en cabinet, ce qui représentait une augmentation de 15% environ par rapport au tarif précédent en vigueur depuis 1998.

Les spécialistes en veulent autant et d'ailleurs même... beaucoup plus. Ils réclament en fait de pouvoir fixer librement leurs tarifs, ce que ne peuvent faire aujourd'hui que les médecins du secteur 2 (37% des spécialistes) alors que ceux du secteur 1 (63%) doivent appliquer les tarifs négociés avec la caisse maladie.

Mais il y a médecins et médecins. Si l'augmentation de la consultation du médecin généraliste paraît raisonnable, vu leur rôle et les difficultés de leur métier, en campagne ou dans les grandes villes, il n'en est pas de même des spécialistes. Au vu des chiffres de leurs gains annuels moyens publiés par le journal Le Parisien, ils ne sont vraiment pas à plaindre: ceux qui gagnent le plus sont les radiologues (près de 180600 euros), les moins bien lotis les psychiatres (environ 50000 euros, à comparer aux 60000 euros d'un généraliste).

Face à leurs revendications, le ministre de la Santé, Douste-Blazy, a déclaré être convaincu que "dans l'intérêt général, ils -syndicats et CNAM- trouveront très vite un accord pour le bien de toute la population française". C'est vite dit, car s'ils obtiennent ce droit de dépassement, cette augmentation ne sera pas prise en charge par la Sécurité sociale; et les mutuelles, pour ceux qui ont les moyens d'en avoir, ont d'ores et déjà annoncé qu'elles ne suivraient pas, comme d'ailleurs pour la retenue d'un euro ou pour l'augmentation du forfait hospitalier.

Par contre, que le gouvernement trouve un accord pour le "bien de tous les spécialistes", c'est fort probable, tant Douste-Blazy se montre ouvert à leurs revendications. Et ce n'est sûrement pas parce qu'il est lui-même cardiologue.

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