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Dans le monde
Sommet de Buenos Aires sur le climat : Un écran de fumée
Les Nations unies ont réuni à Buenos Aires leur dixième conférence sur le climat. Il y a sept ans, en 1997, lors de leur troisième réunion à Kyoto, un certain nombre de pays développés, sauf les États-Unis, se sont officiellement engagés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, essentiellement du gaz carbonique, pour éviter de perturber dangereusement le climat.
La Russie vient, sept ans après, de rejoindre le groupe des signataires; leur nombre est maintenant de 55 pays, représentant plus de 55% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, si l'on prend comme référence l'année 1990: ils ont franchi le seuil fatidique qui transforme ce protocole en un accord censé être contraignant. Mais en fait, on ne voit pas qui pourrait obliger les non-signataires à respecter un accord que les signataires eux-mêmes ont enterré depuis longtemps.
L'objectif fixé à Kyoto est remarquablement flou et ridiculement insuffisant par rapport aux nécessités: il prévoit, à l'horizon 2008-2012, pour l'ensemble des pays concernés, la réduction collective de 5,8% des émissions par rapport au niveau de 1990, chaque pays s'engageant sur un objectif chiffré précis.
Pourtant, ils seront bien incapables d'atteindre cet objectif, vu qu'entre 1990 et 2001, plusieurs parmi eux ont déjà augmenté leurs émissions de gaz, de 9,5% par exemple pour le Japon, voire de 36,5% pour le Canada. Quant à la France, qui s'était engagée sur un simple niveau zéro d'augmentation, un article du Courrier de l'Unesco de 2001 rappelait qu'à l'époque elle avait déjà augmenté ses émissions de 2%. À quelques exceptions près, ceux qui, pour l'instant, ont tenu leurs engagements l'ont fait malgré eux en raison de l'écroulement de leurs économies, comme les pays de l'Est. C'est le cas de la Russie: si, entre 1990 et 1999, elle a baissé ses émissions de gaz à effet de serre de 47,7%, cela en dit long, non sur la volonté politique de son gouvernement, mais sur la décrépitude de son industrie. Avant même de rejoindre le groupe des signataires, elle pouvait déjà faire figure de "bon élève", du moins sur ce point. Elle ne détonera pas vraiment dans ce concert de nations qui font semblant de se préoccuper d'écologie.
Tous ces États, qui ont toujours été plus attachés aux intérêts de leurs industriels qu'à la santé des populations, sont bien incapables de prendre les mesures qui s'imposent pour arrêter la dégradation accélérée de l'environnement sur toute la planète. Cela ne les empêche pas de continuer à se réunir: à défaut de stopper les émissions de gaz, cela permet toujours de jeter de la poudre aux yeux.