- Accueil
- Lutte ouvrière n°1897
- Un nouveau arsenal antisocial
Leur société
Un nouveau arsenal antisocial
Chirac avait promis à l'occasion de ses voeux de l'an dernier un "grand plan de mobilisation pour l'emploi", qui devait "renforcer la prévention des licenciements et des plans sociaux", "briser les ghettos", "tendre la main à toutes celles et à tous ceux qui se sentent à l'écart", "lutter contre l'exclusion". Et c'est au maître illusionniste, Jean-Louis Borloo, que Chirac avait fait appel pour transformer cet immense chantier de promesses en loi de "cohésion sociale". C'est cette loi qui a été solennellement votée par les députés le mardi 6 décembre, car le gouvernement souhaite l'appliquer début 2005.
En fait, c'est un grand fourre-tout, résultat de mois de marchandages entre gouvernement, patronat et députés de droite les plus réactionnaires, avec au final le mélange de certaines dispositions à prétention sociale, et d'autres, clairement et farouchement antiouvrières. Ainsi, le renforcement du contrôle des chômeurs a été voté et la loi prévoit la possibilité de réduire leurs allocations. La notion de temps de transport a été modifiée, au détriment des salariés, en particulier ceux qui travaillent sur des chantiers éloignés du siège de la société. La notion de travail de nuit a été modifiée dans un sens défavorable aux travailleurs de certaines professions: la nuit commençant désormais pour eux à minuit au lieu de 21 heures. Les procédures de licenciement économique ont été allégées et les droits à réintégration restreints. La liste des amendements de ce genre est ainsi longue, même s'ils voisinent avec la promesse de construction de logements sociaux, avec de belles paroles sur l'insertion professionnelle des jeunes en difficulté ou sur la création de 300 "maisons de l'emploi".
Mais même pour ces mesures "sociales", il n'y a que de l'esbroufe. Borloo ne cesse de citer le chiffre de 500000 logements sociaux à construire d'ici 2009. C'est un mensonge, car il mélange, dans ses prévisions, les logements HLM et les autres logements beaucoup plus chers, et donc inaccessibles à la majorité des salariés. Il se gargarise à chaque interview avec le fait que son plan mobiliserait 15 milliards d'euros. C'est aussi un mensonge, car sur ces 15 milliards, seul 1,1 milliard d'euros est prévu sur le budget 2005.
Cette loi est un condensé de la politique gouvernementale: pour le social, des phrases et des promesses; pour le patronat, du concret, du solide, de l'immédiat.