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Dans les entreprises
Alcatel-Lucent : Toujours moins d'emplois pour toujours plus de profits espérés
L'équipementier en télécommunications Alcatel-Lucent a annoncé jeudi 23 juillet que 850 postes allaient être supprimés en France et 150 externalisés. Sont essentiellement touchées les entreprises de Lannion et d'Orvault en Bretagne, l'usine d'Eu en Normandie, ainsi que celles de Villarceaux et de Vélizy en région parisienne.
En plus de ces suppressions d'emplois, la direction entend aussi se séparer de plus de 300 prestataires d'ici la fin de l'année 2009. En signe de protestation, les salariés des entreprises situés en Seine-Maritime et en Loire-Atlantique ont observé des arrêts de travail ou ont bloqué leurs sites. Des débrayages ont également eu lieu à Vélizy et Villarceaux.
Ces mille emplois supprimés dans le groupe s'ajoutent aux nombreux autres qui, au fil des ans, ont fait littéralement fondre les effectifs de l'entreprise. Sans remonter aux années antérieures à 2000, la direction d'Alcatel, en la personne de son PDG, Serge Tchuruck, avait supprimé 7 452 postes en 2003, 7 930 en 2004, 3 627 en 2005. Tchuruck avait alors argué de la chute de demandes d'infrastructures suite à l'éclatement de la bulle internet.
Puis, il y eut la fusion entre le Français Alcatel et l'Américain Lucent suivie de trois plans de réduction des effectifs, dont l'un qui s'est accompagné de 12 500 licenciements sur l'ensemble du nouveau groupe. Les dirigeants et les actionnaires disaient viser une « réduction des coûts ». Pour le personnel ce fut un énorme gâchis fait de postes supprimés, de licenciements, de secteurs externalisés ou supprimés. Et pour ceux qui avaient la chance de conserver leur emploi, les rythmes du travail ont été à chaque fois intensifiés.
La dernière vague de licenciements (la quatrième depuis la fusion) a commencé à l'automne 2008 avec l'arrivée d'une nouvelle équipe dirigeante. Dès 2009, celle-ci décidait la suppression au plan mondial de mille postes de cadres et la cession de départements d'activités à d'autres sociétés, comme la moitié du service informatique cédé à Hewlet-Packard pour, disait la nouvelle direction, améliorer la performance financière. Cela ne lui suffisant pas, il y eut les ponctions supplémentaires annoncées ce 23 juillet, au prétexte cette fois que les frais généraux d'Alcatel-Lucent seraient supérieurs de 30 % à ceux des concurrents, ce qu'aucun travailleur n'a la possibilité de vérifier.
Mais quels que soient les arguments invoqués, les travailleurs constatent toujours que les dirigeants ne veulent jamais toucher ni au niveau de profits des actionnaires ni à leurs émoluments, les sacrifices étant uniquement pour les salariés.
Aujourd'hui, avec toutes les menaces qui pèsent, les travailleurs ont le sentiment d'assister à un dépeçage de leur travail, ce qui provoque écoeurement et inquiétude pour l'avenir.