États-Unis : La « reprise » des banques, un second château de cartes29/07/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/07/une2139.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : La « reprise » des banques, un second château de cartes

Le bimensuel trotskyste américain The Spark revient sur le redressement des banques américaines.

Les plus grandes banques de Wall Street, y compris JP Morgan Chase, Bank of America et Citigroup, ont annoncé d'importants profits pour les trois derniers mois. En tête, on trouve Goldman Sachs, avec 3,44 milliards de dollars de profits. On dit aussi que cet établissement a mis de côté quelque 11,4 milliards de dollars de bonus destinés à ses employés, la part du lion revenant à ses plus hauts cadres. Ces bonus sont aussi importants que ceux payés par Goldman Sachs en 2007, au plus fort de la bulle financière.

Bien sûr, ces profits ne proviennent pas de leur activité, mais des centaines de milliards provenant de l'argent donné en garantie par le gouvernement. Une part de cet argent de l'État a été versée par l'intermédiaire d'AIG, qui a remis près de 20 milliards de dollars au seul Goldman Sachs. Une autre part importante leur a été remise par le biais du plan d'aide de 700 milliards de dollars. En plus de cela, le gouvernement a racheté ou garanti leurs avoirs toxiques et leurs dettes, en leur prêtant de l'argent libre de tout intérêt... La plupart de ces opérations ont été gardées secrètes, en dépit de tous les bavardages des politiciens sur la « transparence ». Quant à la promesse des banques de rendre la majeure partie de cet argent... n'y comptez pas !

L'argent offert en garantie aux banques, disait-on, était censé stimuler l'économie, engager de nouveaux investissements, créer des emplois, réduire le montant des dettes des particuliers sur leur maison et aider les gens modestes victimes de la crise du logement.

Rien de tout cela n'est arrivé.

La seule chose que les garanties financières du gouvernement ont stimulée ce sont les profits bancaires. Le reste de l'économie a continué de s'enfoncer. Le nombre des chômeurs a pratiquement doublé en un peu plus d'une année. Et chaque mois, il y a de plus en plus de personnes sans logis.

Alors, non, l'argent qui est allé aux banques n'a pas stimulé l'économie productive. Pire, au moment où l'économie s'effondrait, les banques l'ont asséchée. Elles ont réhaussé d'un cran leurs profits en augmentant ce que les emprunteurs ont à payer sur leurs emprunts, leurs hypothèques ou leurs cartes de crédit. Les banques sont en train d'amplifier les saisies et l'expulsion de millions de personnes de leur logement, avec un nombre estimé de trois millions de personnes qui devront faire face à une saisie cette année. Les banques ont pénalisé les épargnants en ne versant presque aucun intérêt sur l'argent en dépôt. Et elles ont mis sur pied un nouveau fléau d'agios et de pénalités sur tout et sur rien.

Le secrétaire du Trésor, Timothy Geithner, a osé déclarer qu'il commençait à voir une reprise du secteur financier. Bien sûr, les banques sont retournées à ce qu'elles faisaient avant la crise : faire de l'argent sur l'argent, c'est-à-dire spéculer sur une échelle massive. Mais cette fois, elles le font avec l'argent de l'État. De nouvelles vagues de spéculation, c'est ce qui se cache derrière l'augmentation sauvage des prix de l'énergie, par exemple, ou les hauts et bas de la Bourse.

Pour ces banques, c'est une situation où les pertes sont exclues : elles ne risquent rien d'autre que l'argent des contribuables pour réaliser leur propre gain privé. Au pire, elles pourraient à nouveau menacer de s'effondrer... et obtenir à nouveau de l'argent frais ! (...)

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