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Leur société
Incendies de l'été : Des moyens toujours insuffisants
Plus de 17 000 hectares brûlés en Espagne, au moins 15 000 en Sardaigne, 5 000 en Corse. Et si les incendies de l'été n'ont pour l'instant pas fait de victimes en France, on déplore six morts parmi les pompiers espagnols et deux victimes civiles en Sardaigne. Les fortes chaleurs, associées à des vents violents, font craindre le pire dans d'autres pays du pourtour méditerranéen, de la Grèce à l'Algérie et à la Turquie.
Comme chaque année à pareille époque, on voit donc des dizaines de milliers d'hectares de forêts partir en fumée et les flammes s'approcher de plus en plus de zones habitées, voire traverser un village, comme en Corse. Et comme chaque année aussi, les politiciens y vont de leurs déclarations pour dégager leur responsabilité. On tempête contre les incendiaires auxquels on promet une justice exemplaire, tout en vantant les moyens mis en oeuvre par l'État. Ainsi, Michel Sapin, actuel préfet de la région PACA et ancien directeur de la Sécurité civile de 1999 à 2002, se félicitait dans une interview au Figaro du 25 juillet de ce que « grâce aux efforts de l'État, la France dispose de la flotte aérienne la plus importante d'Europe ». Cela en dit long sur l'insuffisance de l'équipement à l'échelle de l'Europe, car la France, avec vingt-trois engins en tout, dont douze Canadair, n'a acquis que deux avions supplémentaires depuis les incendies meurtriers de 2005...
Et l'Europe, à l'image des États qui la composent, n'accorde que des moyens dérisoires à son « projet pilote de coopération entre les États membres dans la lutte contre les feux de forêts », pour lequel elle dispose de deux Canadair seulement !
Les avions ne suffisent certes pas à lutter contre les incendies, mais l'État n'est pas meilleur sur terre. Le débroussaillage, l'entretien des forêts, la création de pistes et de points d'eau sont largement insuffisants, en particulier dans les forêts du sud-est de la France et de Corse, peu productives, dont les propriétaires ne s'impliquent pas dans la lutte contre les incendies. Et ce ne sont pas les 500 agents forestiers présents sur le littoral méditerranéen français qui peuvent effectuer tout le travail d'entretien nécessaire pour limiter la propagation des feux.
Les équipements anti-incendies coûtent cher : mais si un Canadair vaut plus de 20 millions d'euros, le premier prix d'un avion Rafale représente plus du double de cette somme ! Et c'est un choix, bien sûr, si on gaspille des milliards dans une aviation de combat ruineuse et inutile. Mais pour les pompiers et les populations locales qui se débattent au milieu des flammes, il ne reste que de minuscules rallonges - accordées généralement après des catastrophes comme les incendies de 2003 et 2005 - et des discours sur l'irresponsabilité des incendiaires. L'incurie de l'État, elle, n'est jamais mise en cause !