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Dans le monde
Autriche : des sociaux-démocrates s’allient à l’extrême droite
En Autriche, deux élections régionales récentes ont montré une progression notable de l’extrême droite. Ainsi, le FPÖ a atteint 15 % des voix dans le Burgenland, en hausse de presque dix points, tandis que les sociaux-démocrates reculaient d’autant. Cette poussée a été encore plus spectaculaire en Styrie, où le FPÖ a obtenu 27,1 % (+ 16,5 %).
Ce n’est certes pas la première fois que ce parti d’extrême droite réalise des scores importants. Il a participé au gouvernement fédéral entre 2000 à 2005 et déjà gouverné des villes et des Länder… montrant toute sa capacité à être aussi corrompu que les autres. Ce fut en particulier le cas en Carinthie, où feu Jörg Haider, président du Land de 1999 à 2008, a été impliqué dans des opérations de spéculation bancaire douteuses à grande échelle. Il n’en reste pas moins qu’aujourd’hui, dans le contexte de la crise et de ses conséquences pour les milieux populaires, cette nouvelle progression est inquiétante. D’autant qu’elle est concomitante des tentatives de groupes fascisants comme Pegida ou les Identitaires d’occuper la rue.
Avec sa campagne sur des thèmes sécuritaires et anti-immigrés, le FPÖ trouve bien sûr un écho dans l’électorat réactionnaire. Mais il profite aussi largement du discrédit des deux partis qui gouvernent ensemble (comme c’est le cas depuis 2007 au niveau fédéral) ou alternativement : les chrétiens-démocrates de l’ÖVP et les sociaux-démocrates du SPÖ. En Styrie, un plan d’austérité important, avec des coupes claires dans le domaine de la santé et de l’éducation, avait ainsi été lancé en 2011 par leur coalition, entraînant les plus grandes manifestations de protestation que Graz, la capitale du Land, ait connues.
En Styrie, le SPÖ a choisi de gouverner avec les conservateurs de l’ÖVP, mais dans le petit Land viticole du Burgenland, dirigé depuis 1964 par les sociaux-démocrates, il a fait le choix de s’allier avec le FPÖ, offrant au dirigeant de l’extrême droite locale le portefeuille de la Sécurité. Pourtant, lors de son dernier congrès, en novembre dernier, le SPÖ avait exclu, « à quelque niveau que ce soit », toute alliance avec le FPÖ. S’il y a eu quelques réactions gênées de la part de la direction nationale du parti et une manifestation de protestation devant le siège du SPÖ à Vienne, cela s’est arrêté là. Les dirigeants sociaux-démocrates se moquent ainsi ouvertement de leurs militants et de ceux qui croient sincèrement en leurs déclarations du dimanche contre les idées xénophobes du FPÖ. On peut se demander ce qu’il en sera en octobre lors des élections à Vienne, qui est un fief du SPÖ depuis 1945 mais où tous les sondages indiquent aussi une progression du FPÖ.
Au-delà des jeux politiciens, cette évolution se manifeste aussi par un renforcement des attaques contre les classes pauvres d’Autriche et par de nouvelles menaces contre les travailleurs immigrés et les demandeurs d’asile. Le 12 juin, la ministre fédérale de l’Intérieur a ainsi décidé de stopper le traitement de toutes les demandes d’asile en cours, et de suspendre toutes les procédures de regroupement familial. Une évolution réactionnaire contre laquelle tous les travailleurs d’Autriche ont intérêt à se dresser.