Loi Macron : passage en force pour une attaque en règle17/06/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/06/2446.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Loi Macron : passage en force pour une attaque en règle

« C’est le Parlement que vous piétinez », s’écrie Jacob, député UMP. Les politiciens de droite s’offusquent de la méthode choisie par le gouvernement, les « frondeurs » du PS regrettent de ne pouvoir exprimer leurs réserves… Pourtant, se réjouit Gattaz, « l’utilisation du 49-3 permet d’éviter des risques » pour assurer le passage de la loi Macron, « un bon choix » selon le patron du Medef.

L’indignation théâtrale des députés qui se sentent inutiles, la satisfaction tranquille d’un patronat sûr d’être bien servi servent de décor au passage en seconde lecture, devant l’Assemblée ou plutôt sans elle, de la loi Macron. Un tombereau de mesures hétéroclites qui ont seulement en commun, dans leur immense majorité, de s’attaquer plus fort, plus largement, aux droits et aux conditions de travail de la population.

Le Wall Street Journal constatait déjà il y a quelques semaines que grâce à cette loi les « entreprises [pourraient] contourner les règles de travail rigides et négocier directement avec les employés ». Car Macron prévoit dans son bric-à-brac législatif non seulement l’assouplissement des contrats de travail, la quasi-disparition du CDI, la négociation de gré à gré entre l’employeur et l’employé – comme si leurs positions étaient équivalentes – mais aussi l’affaiblissement des possibilités de recours aux tribunaux prud’homaux, et le plafonnement des indemnités en cas de licenciement abusif.

Le 11 juin, dans le cadre d’un amendement, une commission spéciale de l’Assemblée a ainsi signé ce dernier forfait. Il équivaut à une autorisation de licencier à moindres frais, y compris en évaluant à l’avance le coût de l’opération. Et prétendre, comme le font encore certains de ces ministres qui ne craignent pas le ridicule, qu’il s’agirait de favoriser l’emploi n’est qu’une fumisterie. Les milliers de licenciements répertoriés chaque mois ne font que grossir l’armée de réserve dépassant 5 millions de chômeurs. Même dans le cas des ruptures de contrats de travail « à l’amiable », 80 % sont suivies d’une inscription à Pôle emploi !

Des centaines d’autres articles désorganisent la protection sociale et organisent la « libéralisation » que réclament à grand cris les adversaires du « trop d’État »… sauf quand il s’agit d’empocher les subventions et autres crédits d’impôts. De l’affaiblissement du pouvoir et du nombre des inspecteurs du travail au recul des seuils sociaux, tout n’est que cadeaux aux capitalistes. Cadeaux encore, les « transferts au secteur privé » de GIAT Industrie aux aéroports en passant par certaines activités des centres hospitaliers universitaires et les réductions de la fiscalité sur la distribution gratuite d’actions aux hauts cadres des entreprises…

« Même si ce n’est pas le grand matin libéral […], c’est une aurore », conclut le dirigeant du Medef. De celles qui conduisent aux grands soirs ?

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