Selon Le Canard enchaîné, le groupe Radio France a signé près de 16 000 CDD en 2014, un record ! Radio France emploie 4 380 salariés en fixe, mais a aussi la fâcheuse habitude de faire signer des contrats précaires, souvent par la même personne, pour des missions qui peuvent être de deux jours, d’une ou quelques semaines, d’un ou plusieurs mois, la maintenant dans une situation qui peut durer des années.

Des centaines de reporters précaires sont ainsi embauchés. Ils représentaient 4 696 CDD en 2014. Il y a aussi les employés des radios locales, près de 3 000 CDD. Et si le Premier ministre Valls envisage de pouvoir renouveler deux fois un CDD, à Radio France cela se pratique depuis des années, et plus que deux fois.

Radio France a également recours à l’intermittence, le système des CDD dit « d’usage », les CDDU théoriquement temporaires mais qui peuvent durer parfois vingt, voire trente ans. Ce système permet de faire confectionner des émissions de septembre à juin, ensuite la Caisse des congés spectacle des intermittents paye les congés. De cette façon, Radio France règle aussi des notes plus légères aux mutuelles et aux caisses de retraites.

À chaque rentrée, les grilles de programmes et des CDD se terminent. Pour certains, il y a des indemnités de départ mais d’autres doivent plaider devant les Prud’hommes. Le système est si bien rodé que Radio France provisionne de quoi payer les litiges avec le personnel : cela a représenté, selon la Cour des comptes, 23 millions d’euros en 2012 et 18 en 2013, dont 6,5 millions pour les seuls litiges devant les Prud’hommes.

Tout récemment, un technicien a obtenu 100 000 euros pour avoir été limogé au terme de 258 CDD pendant dix-sept ans dans dix-neuf stations locales. Une documentariste de France Culture a obtenu la requalification de son contrat après dix années de CDD.

Suite au scandale, tout cela devrait théoriquement être renégocié mais pas avant 2016. En 2015, Radio France aura une occasion de plus de battre son propre record de précarité !