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Dans les entreprises
GM&S : PSA et Renault doivent payer
Grilles et plots de béton barrant une rue, cadres par dizaines appuyés par une nuée de CRS, la direction de PSA a sorti les gros moyens contre les 120 ouvriers de GM&S, venus de la Creuse mardi 5 septembre devant les portes de l’usine de Poissy.
C’est la direction de Peugeot Poissy qui a choisi de dramatiser la situation. Elle avait poussé le vice jusqu’à laisser fermer certains accès à l’usine mercredi 6 au matin, plus de 10 heures après leur départ. Ce n’est pas la présence des ouvriers de GM&S venus à la rencontre de ceux de PSA, c’est son blocage total d’une des deux portes et la présence massive de policiers partout qui ont provoqué d’énormes embouteillages dans la ville, retardant jusqu’à deux heures l’arrivée au poste de nombreux salariés de l’après-midi et le retour chez eux de ceux de l’équipe du matin. La direction a cherché à intimider les ouvriers de GM&S et en même temps à dresser les ouvriers de Peugeot contre eux.
Peine perdue. Dans l’usine, la production a été très ralentie une heure durant, ce qui a réjoui les travailleurs de chaîne. Et on entendait des ouvriers de PSA, touchés par leur combat, dire : « Les ouvriers de GM&S n’ont plus rien à perdre, ils ont raison de se battre. » D’autres dénonçaient le barrage de la direction : « C’est le mur de Trump » ou encore : « La direction nous prend en otages. »
C’est ce que pensaient certains policiers. L’un d’eux, auquel un ouvrier demandait : « C’est la CGT qui bloque ? », a répondu : « Non, c’est le patron ». Dehors, ceux de GM&S ont ressenti le déploiement de ce barnum comme un hommage à leur détermination.
Ils n’attendent rien du délibéré du tribunal de commerce de Poitiers du 7 septembre. C’est sans doute GMD, société d’Alain Martineau, qui devrait sortir du chapeau comme repreneur de leur usine de sous-traitance automobile située à La Souterraine. C’est le choix de PSA et Renault, et donc celui du gouvernement.
Mais GMD, ils connaissent. Ils l’ont déjà croisée dans un passé récent. Cette société a déjà récupéré un double de tous les outils de GM&S et ils sont convaincus qu’elle est de mèche avec PSA et Renault, leurs deux principaux donneurs d’ordres, ceux qui organisent justement l’étranglement de GM&S depuis des mois. Martineau lui-même, venu pour les voir fin juillet, leur a insolemment fait comprendre qu’il leur faisait une fleur, qu’il n’avait pas besoin d’eux pour gagner de l’argent... et les a donc surtout convaincus qu’il n’était pas fiable.
Pour le moment, leur lutte leur a fait déjà gagner des mois de salaire, 22 millions de garanties de commandes de PSA et Renault et 15 millions de soutien (à parts égales pour PSA, Renault et l’État). Ils en sont très fiers. Mais ils savent aussi que tout cela ne prouve rien : Martineau peut très bien empocher l’argent et faire produire ailleurs.
Alors ils se battent pour des engagements plus sérieux des constructeurs, plus d’emplois sauvés (aujourd’hui 120 sur 277), ce qui les rendrait plus forts, quel que soit l’avenir, et 75 000 euros de prime supra-légale pour les licenciés.
Et ils ont d’autant plus raison que le groupe PSA a annoncé en juillet des résultats financiers record : 1,25 milliard d’euros rien que pour les six premiers mois de 2017, et qui suivent 2,15 milliards d’euros de bénéfices de 2016.