Canicule : trop chaud pour travailler19/07/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/07/2868.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Canicule : trop chaud pour travailler

Alors que la canicule s’est abattue une fois de plus sur l’Europe, avec ses effets spectaculaires ou dramatiques, des millions de travailleurs sont contraints de continuer à travailler coûte que coûte.

La majorité des usines sont des fours, avec des ateliers confinés et mal ventilés. Et quand ils sont climatisés, c’est parce que la production l’exige, les machines ou la matière première ne supportant pas la chaleur. Travailler dans une fonderie, une cabine de peinture ou une boulangerie industrielle, suivre des cadences infernales sur une ligne de montage ou soulever des charges lourdes tout en portant des équipements de sécurité lourds et encombrants devient une véritable torture quand la température atteint les 40°C. Dans le BTP, les chantiers, quasiment toujours exposés à la chaleur ou à la poussière, ne sont pas interrompus pendant les épisodes de canicule.

Cette exposition à la chaleur tue. Elle tue directement – quelques dizaines de décès sont répertoriés chaque année – et elle tue à petit feu, en créant ou en aggravant des maladies cardiaques ou respiratoires. Dans ces conditions, les bons conseils des médias pour se protéger d’un coup de chaud, du type « Buvez ! Hydratez-vous ! » ou « Recherchez les zones de fraîcheur ! », qui échauffent déjà les oreilles quand on les entend coincé dans un logement surchauffé, deviennent cyniques et insupportables quand on subit huit heures à l’usine ou sur un chantier.

Le Code du travail indique bien que les locaux doivent avoir une « température adaptée à l’organisme humain », mais sans imposer de norme contraignante. Si l’Assurance-maladie ou l’Institut national pour la santé au travail considèrent qu’il est dangereux de travailler au-delà de 33°C, aucune limite maximale de température n’est fixée. La seule obligation de l’employeur pour limiter les risques est de fournir de l’eau fraîche en quantité suffisante et de renouveler l’air des locaux, ce qui est loin d’être respecté dans toutes les entreprises. Si les horaires de travail sur les chantiers sont parfois modifiés en période de canicule, si des pauses supplémentaires sont accordées dans les ateliers les plus durs, c’est le plus souvent après que les travailleurs l’ont imposé.

En période de canicule comme tout le reste de l’année, la production et l’avancée des chantiers, c’est-à-dire l’accumulation des profits, passent avant la vie des travailleurs. Pour imposer des conditions de travail correctes et ne mettant pas leur santé en danger, ces derniers ne peuvent compter que sur eux-mêmes.

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