IBM (Corbeil, 91) : Des nervis au secours des mauvais coups de la direction24/09/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/09/une-1628.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

IBM (Corbeil, 91) : Des nervis au secours des mauvais coups de la direction

Annoncé fin avril 1999, le plan social d'IBM prévoit la filialisation du site de production de semi-conducteurs de Corbeil dans l'Essonne et la suppression de 1 150 emplois sur 2 750. Le plan vise de plus à généraliser les horaires continus pour les travailleurs restants, qui devraient travailler deux jours du matin, deux du soir et deux de nuit, avant d'avoir quatre jours de repos. Ils n'auraient qu'un week-end sur cinq. Ces horaires continus augmentent la flexibilité et dégradent considérablement la santé et la vie privée. Tout cela pour accroître les profits d'IBM qui a pourtant déjà réalisé 2,4 milliards de dollars de bénéfices rien que pour le second trimestre 1999.

Plusieurs manifestations de protestation à la préfecture d'Evry et au siège d'IBM à Paris ont jusqu'ici retardé l'application des projets de la direction. Le jeudi 16 septembre, jour d'une réunion direction-syndicats sur les horaires continus, 200 travailleurs, essentiellement de production et de maintenance, se sont mis en grève. Lors de l'assemblée générale du soir, plusieurs dizaines d'entre eux ont décidé de filtrer les entrées le lendemain matin pour en entraîner d'autres. Le vendredi matin, les grévistes étaient 250 mais ceux qui étaient à leur poste faisaient la grève du zèle. La production ne sortait plus et la direction a même dû renvoyer des camions de matière première. Pendant le week-end, les grévistes se sont adressés aux S-D (Samedi-Dimanche). Ce sont souvent des travailleurs habitant en province, dont certains ont un deuxième travail en semaine, ce qui ne serait plus possible avec les horaires continus. Les AG ont réuni presque tout le personnel de SD qui s'est alors mis en grève. Le dimanche, à l'appel de la CFDT et de la CGT, 250 travailleurs d'IBM, certains avec leur famille, ont manifesté dans Corbeil.

Non contente de faire du chantage à la fermeture de l'usine, alors qu'elle entend bien y continuer sa production, la direction a fait appel depuis le début du conflit à plusieurs dizaines de vigiles armés de matraques. Lundi matin 20 septembre, pour empêcher la signature du plan social, environ 400 travailleurs ont manifesté devant les bâtiments de l'usine où se tenait la réunion du CE. Quand les manifestants ont voulu pénétrer dans le bâtiment, ils ont été agressés par les vigiles. Plusieurs travailleurs ont été blessés et l'un deux a eu le bras cassé. Ce qui a provoqué l'indignation de tout le personnel de l'usine. La direction s'est sentie obligée de retirer ses nervis.

Les grévistes ont décidé de continuer la lutte. Ils font, depuis le mardi 21 septembre, deux heures de grève à chaque changement de faction et tentent d'entraîner le reste du personnel dans le mouvement.

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