Jospin, les licenciements, et le travail précaire : Paroles, paroles...24/09/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/09/une-1628.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Jospin, les licenciements, et le travail précaire : Paroles, paroles...

" Nous rétablirons un contrôle administratif des licenciements ", pouvait-on lire sur les tracts électoraux du Parti Socialiste, à la veille des élections législatives de 1997. Jospin et les dirigeants du PS considèrent que les promesses électorales n'engagent que ceux qui y croient. Ne promettaient-ils pas aussi, à l'époque, la création en deux ans de 700 000 emplois pour les jeunes, le relèvement de l'impôt sur la fortune, l'abaissement de la TVA, l'arrêt des privatisations, le refus des fonds de pension ?

Plus de deux ans après, Jospin affirmait encore sur France 2 : " Notre priorité numéro 1 reste l'emploi. " Il a trouvé " choquante " l'annonce par Michelin de 7 500 suppressions d'emplois, mais se justifie de ne rien faire contre, en invoquant comme principe général que l'Etat ne doit pas " administrer l'économie. "

Il ne se prive pourtant pas d'intervenir dans l'économie. Les commandes de l'Etat aux grandes entreprises, les subventions, les exonérations d'impôts, ce ne serait pas de l'intervention étatique ? L'aide aux patrons lui paraît toute naturelle. C'est seulement quand l'intervention de l'Etat risquerait d'égratigner ou de chagriner les patrons, que Jospin estime impossible d'" administrer l'économie ".

L'autorisation administrative de licenciement n'était pourtant pas un bien grand frein pour les patrons licencieurs. Instaurée à l'époque de Giscard pour organiser un peu les licenciements plutôt que pour les empêcher, elle a été supprimée en 1986 par Chirac, pendant la première cohabitation. La gauche dénonça cette suppression, mais, une fois de retour au gouvernement de 1988 à 1993, après la réélection de Mitterrand, elle ne la rétablit pas.

Toutefois, après l'élection de Chirac à la présidence en 1995 et la constitution d'un gouvernement de droite, le PS reprit le thème. En 1996, il adopta une résolution affirmant qu'en cas de plan social " l'Inspection du Travail sera obligatoirement saisie " et aura la possibilité de " refuser les licenciements ". Jospin concluait : " C'est un engagement très clair, que nous tiendrons si nous gagnons les élections législatives. "

Après la victoire du PS et de la gauche plurielle en mai 1997, dans sa déclaration de politique générale, il donnait mission à Martine Aubry de " réexaminer la législation en matière de licenciement économique " et de préparer " un projet de loi ". Le PS en profitait pour demander " la mise à l'ordre du jour, dans les meilleurs délais, du rétablissement de l'autorisation administrative préalable aux licenciements " et justifiait, dans le même temps, l'inaction gouvernementale devant la fermeture de Renault-Vilvorde... en Belgique.

Ensuite, le projet tomba dans l'oubli et, à l'automne 1998, Martine Aubry confirma qu'il était abandonné. Mais elle annonça un lot de consolation : la taxation du travail précaire, du moins lorsqu'il est exagéré. Là encore, il s'agissait d'une réapparition d'une sorte de promesse oubliée de 1997, lorsque Jospin déclarait : " Il faudra revenir sur les dispositions de la loi Robien et sur certains avantages consentis aux entreprises en faveur du travail à temps partiel. "

Ces menaces de taxation n'ont pas empêché que, depuis un an, 9 embauches sur 10 se soient faites en CDD ou en intérim. Mais Martine Aubry continuait d'assurer, le 28 août dernier : " Je vais taxer le travail précaire. " Et Hollande faisait mine de menacer, dans son style emberlificoté : " Si rien ne vient d'ici à la fin de l'année, le PS reprendra sa proposition de renvoyer à la loi la responsabilité d'éviter que la précarité soit l'horizon indépassable du travail, notamment des jeunes. "

Mais quand Jospin a abordé cette question des emplois précaires, le 13 septembre, ce fut pour dire : " C'est effectivement une question importante sur laquelle nous allons travailler dans les années qui viennent. "

Il ne lui restait plus qu'à faire appel au " rapport de forces " en assurant hypocritement : " Il ne faut pas tout attendre de l'Etat. " Message reçu : les travailleurs n'ont rien à attendre du gouvernement Jospin.

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