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Dans les entreprises
La Poste : Réduction du temps de travail et arnaque à l'embauche
Au début de l'année 1999, quand La Poste avait rendu public son projet de passage aux 35 heures, elle avait annoncé triomphalement qu'elle allait procéder à 20 000 embauches en deux ans. Rapidement cependant, ce chiffre de prime abord impressionnant s'était dégonflé comme une baudruche. Ces 20 000 embauches correspondaient aux 20 000 départs en retraite prévus, et sur le lot il n'y aurait que 6 000 fonctionnaires (3 000 en 1999 et " au moins autant " en 2000). L'opération se soldait donc avant tout par une augmentation de la précarité : 20 000 fonctionnaires partaient, et arrivaient 6 000 fonctionnaires et 14 000 contractuels, moins payés.
Cela ressemblait déjà beaucoup à une escroquerie, mais avec la fin de l'année 1999 on s'aperçoit dans les bureaux de poste que ça n'en était que le début. En effet, si les 3 000 facteurs fonctionnaires prévus pour 1999 ont bien été recrutés au mois de mai, lors d'un concours où se sont présentées 80 000 personnes, la plupart ne mettront pas les pieds dans un bureau de poste avant la fin de l'année, et à vrai dire nul ne peut dire quand ils commenceront vraiment à travailler... et à toucher un salaire. La Poste, il faut le savoir, a l'habitude de ne pas nommer immédiatement les reçus à ses concours, mais peut attendre des mois, voire des années avant de le faire. Certains d'entre eux ont d'ailleurs parfois trouvé un autre travail lorsqu'ils sont enfin " appelés ".
C'est manifestement ce qui va se passer pour une partie des 3 000 de mai 1999. Sur Paris, où 889 devaient être nommés, seuls 125 l'ont été réellement. Et quatre des cinq directions qui se partagent les arrondissements parisiens viennent d'annoncer que c'était fini pour cette année. Celle qui couvre le nord de la capitale n'a appelé aucun des 98 facteurs qui lui étaient destinés. Ailleurs, ce n'est guère mieux : 32 sur 233 pour la Direction Paris-ouest, 24 sur 180 pour la direction Paris-centre et 30 sur 126 pour la direction de Paris-est. Seule la direction de Paris-sud, qui a appelé jusqu'à maintenant 39 facteurs sur 218 prévus, n'a pas encore annoncé la fin des appels à l'activité pour cette année. Les motifs de La Poste sont limpides. Elle s'apprête à supprimer des effectifs à l'occasion de la mise en place des 35 heures sur les bureaux parisiens, et ne veut pas s'encombrer avec du personnel supplémentaire...
Dans les bureaux, il manque des facteurs et bien souvent des quartiers sont " à découvert ", c'est-à-dire ne peuvent être desservis correctement, le temps d'une absence pour maladie par exemple. D'un autre côté, La Poste se refuse à donner réellement un travail aux facteurs reçus au concours, alors même qu'ils sont en nombre dérisoire par rapport aux besoins et à l'afflux de candidats. Cela fait autant de personnes qui se retrouvent sans salaire, et auxquels La Poste propose parfois cyniquement de commencer à travailler... comme contractuels. Si cela ne s'appelle pas une tromperie...