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- Lutte ouvrière n°1635
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Citroën (Saint-Ouen, 93) : Production en hausse et heures supplémentaires non pavées - ça coince !
Avec le succès de la 206, l'usine d'emboutissage Citroën de Saint-Ouen ne s'arrête plus. En fait, la production demandée dépasse les capacités de production de l'usine. Tous les jours, des pièces sont livrées en urgence par taxi, hélicoptère ou avion vers Mulhouse, Sochaux, Aulnay ou Vigo en Espagne. A chaque fois, il s'agit d'éviter l'arrêt d'une usine de montage par manque de pièces. De l'aveu même de la direction, au mois d'octobre, 66 taxis (à roues, à pales ou à ailes) ont ainsi livré des pièces aux différentes usines d'Europe. Sur un coup de fil ou un fax d'une usine cliente, il faut arrêter une série en cours pour faire une autre série de pièces. Les chefs courent: « C'est impératif, on risque d'arrêter Mulhouse ou Vigo etc. ». Les conditions de travail deviennent démentes, les machines ne sont plus révisées, les outils de presses n'ont plus le temps d'être réparés correctement.
C'est dans ce contexte que la direction met en place l'horaire dit des 35 heures pour faire tourner l'usine 7 jours sur 7, nuits comprises. A Saint-Ouen, jusque-là, les ouvriers étaient nombreux à accepter de travailler le samedi en heures supplémentaires pour arrondir la paie. Il faut dire que les salaires sont très bas, surtout pour les jeunes embauchés. Mais, avec l'annualisation, les heures supplémentaires des samedis ne sont plus payées en fin de mois, mais à prendre en récupération. Ces heures supplémentaires « à crédit » ont fait changer le climat dans l'usine. Dans un secteur de 40 personnes, la majorité des ouvriers ont refusé de venir travailler le samedi 30 octobre. La direction a dû annuler la séance supplémentaire.
Le samedi 6 novembre, sur l'ensemble de l'usine, au lieu des 90 % de volontaires habituels, il n'y avait plus que 30 à 40 % de présents pour ce samedi « au volontariat ». Le pont du 11 novembre devait nous donner quatre jours de repos. Au lieu de cela, le samedi 13 est prévu travaillé, le pont du 12 est annulé et même pour le 11 novembre, elle fait appel à des volontaires pour travailler: pas d'armistice dans la guerre de la production. La direction menace de rendre les heures supplémentaires obligatoires s'il n'y a pas assez de volontaires. Pour l'instant, elle n'ose pas encore le faire, elle craint que le ras-le-bol accumulé n'éclate.
La raison de celui-ci n'est pas seulement de ne plus être payés en heures supplémentaires: les accidents sont plus fréquents car la fatigue s'accumule. La vie de famille en prend un coup aussi. Alors, le bogue de l'an 2000 de la production pourrait bien avoir lieu dès 1999!