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- Lutte ouvrière n°1643
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Dans les entreprises
Renault - Flins, Aux Presses : course à la productivité : des conséquences dramatiques
À l'usine Renault de Flins, les accidents se multiplient dans le secteur des Presses, depuis un an. En novembre 1999, cela s'est encore amplifié : 9 accidents en un mois, au point que l'inspectrice du travail a finalement fait une visite surprise d'une journée entière et exigé l'application de mesures de sécurité immédiates.
Plusieurs accidents ont en effet été particulièrement graves : un électricien s'est fait broyer la main lors d'un dépannage, un autre travailleur de maintenance s'est fait happer l'avant-bras par une main de chargeur : double fracture ouverte et six heures d'opération ! Un autre s'est fait une fracture ouverte du pouce sur une presse de découpe : quatre heures d'opération. Six ou sept travailleurs ont eu des tendons sectionnés aux mains et aux pieds. Sans compter plusieurs dizaines d'autres passés à l'infirmerie et certains à l'hôpital pour des points de suture.
Rien d'étonnant à cette augmentation importante du nombre et de la gravité des accidents. La direction a en effet supprimé de nombreux postes à l'entretien et les machines ne sont plus révisées ni nettoyées au rythme où elles devraient l'être. Cette année, environ 30 % seulement des entretiens préventifs prévus ont été réalisés. Résultat : on trouve sur toutes les machines des sécurités hors service et des panneaux indiquant simplement qu'elles ne fonctionnent plus. Tout baigne dans l'huile : les chariots élévateurs qui pèsent six tonnes et qui portent des charges de même poids ont du mal à freiner et causent des accidents : un travailleur s'est ainsi fait casser les jambes.
Les horaires de travail ont été considérablement augmentés : presque trois quarts d'heure de plus sur les deux équipes en quelques années. Suivant les périodes, l'équipe de nuit travaille entre 8 h 30 et 9 heures et l'équipe VSD fait 12 heures de nuit. La pause repas a été supprimée ; un travailleur qui prend son bus à 4 heures du matin rentre chez lui vers 14 h 30 sans avoir avalé autre chose qu'un casse-croûte sur le pouce.
Cela créé un surcroît de fatigue, propice au manque d'attention et donc aux accidents dans un atelier où le travail est de toute façon dangereux.
La course à la productivité est la seule chose qui guide la direction. Par ailleurs, elle fait tout ce qu'elle peut pour masquer ces accidents et faire pression sur les travailleurs pour qu'ils ne s'arrêtent pas en accident du travail, quitte à les payer à ne rien faire, à l'usine ou chez eux. Elle fait semblant de s'intéresser à la sécurité mais personne n'est dupe : dans les réunions qu'elle organise, de plus en plus de travailleurs n'hésitent pas à la mettre en cause ouvertement...