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- Lutte ouvrière n°1653
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Dans les entreprises
La Poste (Beauvais - Oise) : Les facteurs en ont ras le bol d'obéir !
Depuis deux semaines, la majorité des quelque 80 facteurs de Beauvais sont mobilisés contre leur direction à propos de l'application de la loi Aubry.
Il faut dire que cette direction a mis du sien pour nous pousser à bout. Tout a commencé par une modeste pétition (mais signée à la quasi-unanimité) réclamant, entre autres, la compensation des quatre heures entre 39 et 35 heures.
En effet, la loi Aubry s'appliquant dès le 1er janvier 2000, La Poste nous doit 4 heures par semaine pour la période entre le 1er janvier et la date d'application réelle de la loi. Notre direction nous le refuse, prétextant que, selon ses calculs invérifiables, nous n'aurions que 36 heures en moyenne de travail effectif !
Une semaine après avoir été transmise, notre pétition avait été... égarée ! Il a fallu que nous décidions de ne plus distribuer la publicité pour que le directeur du Groupement, qui coiffe les Centres de Distribution de Courrier d'une partie du département, la retrouve. Mais, en représailles de notre décision, il décidait de nous supprimer 1 / 30e de paye sous prétexte de " travail non fait " !
Et, pour essayer de nous diviser, la direction nous a distribué nos décomptes horaires individuels, calculés évidemment par ses soins. Comme par hasard, selon ce calcul injuste, la plupart d'entre nous travailleraient bien moins que 39 heures. La palme revient à l'un de nos collègues qui ne travaillerait que 32 heures, alors que sa tournée est assez chargée pour qu'il ne rentre jamais avant l'heure !
Avec son attitude d'adjudant, le directeur du Groupement a eu droit à une semaine mouvementée, telle que La Poste n'en avait pas connu depuis longtemps à Beauvais : assemblées générales tous les matins à 5 h 45 avant la prise de poste, une manifestation spontanée dans les rues de Beauvais relayée par la presse locale et par FR3 et, le jeudi 9 mars, une journée de grève suivie par 43 facteurs et par plusieurs collègues d'autres services, avec une deuxième manifestation passant notamment par les guichets de la Poste Centrale et par une visite bien sympathique aux grévistes des Impôts.
Le directeur a bien tenté de nous traiter par la menace et par le mépris, en brandissant à plusieurs reprises son 1 / 30e, ou en nous déclarant que " nous sommes là pour obéir et respecter le règlement ". Mais il a dû néanmoins en rabattre : deux fois, nous l'avons fait se lever le matin plus tôt qu'il ne l'avait prévu pour qu'il tente de s'expliquer devant l'assemblée générale des facteurs. Une autre fois par contre, nous avons obligé un de ses subalternes à sortir de la salle où nous nous réunissions entre nous (quand l'encadrement se réunit, il ne nous invite pas).
En définitive, le directeur du Groupement a annulé tous ses fameux 1 / 30e sauf un. Mais le problème des 4 heures reste cependant entier, de même que celui de l'application de la loi Aubry.
En effet, à Beauvais comme ailleurs, La Poste refuse toute embauche pour compenser la baisse d'horaires et voudrait aménager le temps de travail dans le sens de la flexibilité. C'est ainsi que, si nous acceptions ses projets, on pourrait se retrouver à travailler 42 heures certaines semaines. Comme réduction du temps de travail, on peut faire mieux !