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- Lutte ouvrière n°1654
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Peugeot (Poissy - 78) : Elections de délégués du personnel et du CE, une claque pour la direction
A l'usine Peugeot de Poissy, les résultats des élections qui se sont déroulées le 15 mars ont fait l'effet d'une petite bombe. Passant de 22,40 à 43,05 % des voix au premier collège pour l'élection des délégués du personnel, la CGT passe de 7 à 13 élus titulaires. Elle enregistre une progression du même ordre (20 %) aux élections pour le Comité d'Entreprise avec 6 délégués (au lieu de 3), toujours dans le premier collège. Elle devient ainsi la première organisation syndicale dans le collège ouvrier à Poissy, passant devant la CSL et FO, syndicats proches de la direction qui avaient décidé de fusionner en septembre 1999 et qui jusque-là se partageaient plus de 67 % des voix.
Ces résultats ont créé la surprise, même si beaucoup s'attendaient à une progression de la CGT. Avant les élections, la direction et la maîtrise laissaient entendre qu'elles prévoyaient autour de 5 % de plus pour la CGT, ce qui se voulait rassurant quant à la suprématie électorale de leurs alliés syndicaux.
Dans les ateliers, les résultats de ces élections ont été très bien accueillis. Certains ouvriers jubilaient à voir la tête des chefs et des cadres syndicaux de l'ex-CSL qui, durant des années, ont joué les gardes-chiourme et les nervis de la direction dès qu'il y avait un conflit.
Certains chefs laissent entendre que cette progression de la CGT serait en grande partie le résultat d'un désaveu de la récente fusion de FO avec la CSL, le vieux syndicat patronal. En fait, il n'en est rien. Ceux qui voulaient seulement désavouer ce rapprochement l'ont exprimé en reportant leur voix sur la CFTC ou la CAT (autre syndicat maison) qui progressent respectivement de 9,22 % et de 1,73 % dans le 1er collège aux élections des délégués du personnel, ou sur la CGC qui se présentait pour la première fois cette année au 2e collège et ramasse 22,28 % des voix.
En fait, de nombreux jeunes et moins jeunes ont voté pour la CGT afin d'exprimer leur ras-le-bol : ras-le-bol des heures supplémentaires, de l'augmentation constante de la charge de travail, des vendredis et samedis imposés en heures supplémentaires, du fractionnement des congés d'été empêchant de prendre plus de trois semaines d'affilée ainsi que l'accord sur les conditions de départ en préretraite.
Déjà en février 1999, avant même son application, 95 % des ouvriers avaient répondu à un sondage de la CGT et refusé le plan de passage aux 35 heures de PSA, entériné par tous les autres syndicats. Ce refus s'est également exprimé à plusieurs reprises en Mécanique, en Sellerie, aux Presses notamment par des réunions et des débrayages organisés par les militants de la CGT. De même, dans certains ateliers, avant les élections, des ouvriers sollicitaient ouvertement les militants de la CGT pour demander leur adhésion au syndicat et exprimer ainsi leur mécontentement, d'autres s'affichaient ouvertement avec les candidats de la CGT ce qui, compte tenu de l'ambiance répressive qui régnait jusque-là dans l'usine, était un signe.
En tout cas la direction n'est pas au bout de ses peines. Dès le lendemain des élections, nombreux étaient les ouvriers qui venaient voir les délégués CGT pour les féliciter et certains leur demandaient ce qu'ils comptaient faire désormais contre les heures et les jours de travail supplémentaires imposés ainsi que pour améliorer les conditions de départ des préretraités. D'autant que la plupart sont bien conscients que le groupe PSA ne cesse d'accumuler les profits sur leur dos, puisque le groupe a réalisé plus de 5 milliards de bénéfices en 1999, soit une progression de 51 % par rapport à 1998.