Le MEDEF vient de proposer l'idée de deux nouveaux contrats précaires, qu'il voudrait voir se substituer aux contrats à durée indéterminée. Un " contrat de mission ", limité par exemple au lancement d'un nouveau modèle d'automobile, un peu comme le sont déjà les contrats de chantiers dans le bâtiment. Et d'autre part un contrat limité à cinq ans. Comme le patronat a tous les culots, il a sorti ces projets à l'occasion d'un groupe de travail avec les syndicats dont le thème était : la " lutte contre la précarité " ! Pour le MEDEF " les contrats courts préfigurent la société de demain, fondée sur le dynamisme et la mobilité ". Le meilleur des mondes pour les patrons serait celui où les travailleurs feraient la queue devant leurs usines chaque matin pour être embauchés au jour le jour.

Côté gouvernemental, Martine Aubry dit être opposée à ces nouveaux contrats. Le patronat a d'ailleurs déjà suffisamment de moyens pour employer massivement des travailleurs à statuts précaires, CDD ou intérimaires, pour que la ministre de l'Emploi estime qu'il n'est pas nécessaire d'en rajouter pour l'instant. Et puis, cela fait partie d'un petit jeu convenu : le patronat demande toujours plus pour obtenir au bout du compte un tout petit peu moins. C'est bien connu, on ne peut quand même pas tout lui refuser.

Mais sur le fond, la manière dont Martine Aubry envisage la lutte contre la précarité n'est guère plus rassurante que les propositions du MEDEF. C'est d'ailleurs du côté des emplois-jeunes dont elle est si fière que les patrons ont été chercher leur idée de contrat de cinq ans. Et on voit bien, à chaque annonce des chiffres du chômage, qu'il importe peu au gouvernement que des contrats précaires remplacent les emplois durables, après un plan de licenciements ou lors des départs en retraite.