Ne plus s'en laisser imposer !08/09/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/09/une-1678.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Tribune de la minorité

Ne plus s'en laisser imposer !

En fin de semaine dernière, Fabius et Jospin se sont bousculés pour assumer la paternité de cette réforme des impôts qui allait satisfaire tout le monde, salariés comme patrons ! Allons donc !

Quelques pincées pour les travailleurs...

Fabius s'est d'abord vanté de la future baisse de l'impôt sur le revenu... étalée sur trois ans et proportionnellement plus forte pour les " petits " qui bénéficieront d'une réduction de 3,5 % pour la première tranche du barème, contre 1,5 % pour la sixième tranche. Ouais ! Mais concrètement, ça veut quand même dire que le célibataire smicard " gagnera " 1 048 F d'ici 2003, là où le célibataire richard en gagnera 6 596 F. Tous les hommes sont égaux, mais certains sont plus égaux que d'autres ! Idem pour la suppression de la vignette automobile : une économie médiocre pour les possesseurs de tacots, bien plus intéressante pour ceux qui roulent en Porsche ! Et comme par hasard, le gouvernement ne touche pas aux impôts indirects comme la TVA, les plus injustes puisque tout le monde les paie au même tarif. Il ne touche pas non plus à la taxe sur la télé, alors que les chaînes publiques devenues filles de pub ont d'autres moyens de financement ! Il ne touche pas davantage à la taxe d'habitation, qui pénalise des travailleurs de presque un mois de salaire !

... mais à pleines mains pour les patrons.

En fait, le battage autour du caractère prétendument social de cette baisse vise surtout à faire passer de nouveaux cadeaux au patronat. Pour les patrons qui déclarent moins de 250 000 F de bénéfices annuels, l'impôt sur les sociétés chutera de 37 % à 15 % d'ici 2002. Et pour les plus gros, la gauche plurielle se fait un plaisir de supprimer la surtaxe de 10 % sur les bénéfices qu'avait imposée... Juppé en 95 ! L'impôt sur les sociétés devrait donc passer globalement de 37 % à 33,3 % en trois ans. Même la baisse de la CSG pour les revenus inférieurs à 1,3 fois le SMIC, soit quelque 500 à 600 F de mieux par mois sur la feuille de paye, est un cadeau déguisé au patronat : l'Etat donne ainsi, à la place des patrons, un petit coup de pouce au SMIC. Et il encourage le patronat à embaucher au SMIC ou guère plus.

Ils continuent à nous pomper !

Quant à la diminution très attendue des 70 % de taxes que l'Etat prélève sur les produits pétroliers, c'est peau de balle ! Une petite réduction du fioul qui fera peut-être économiser 600 F annuels aux particuliers qui se chauffe avec. Mais pas question d'égratigner les compagnies pétrolières qui ont pourtant augmenté leurs carburants de 23,7 % en un an.

Bref, en guise de baisse d'impôts, le gouvernement nous offre au mieux 4 pleins par an ! Il appelle ça " distribuer du pouvoir d'achat " ! Normal qu'on l'ait saumâtre, quand on fait le bilan d'une vingtaine d'années de blocage des salaires par des gouvernements de gauche ! Politique que les patrons se sont évidemment empressés de précéder ! Et les accords Aubry sur les 35 heures persistent et signent à encourager des clauses de gel des salaires. Le tout, sur fond de politique de licenciements massifs des grandes entreprises qui font des bénéfices, dont une des conséquences est que des centaines de milliers de licenciés qui ont retrouvé du travail, n'en ont retrouvé qu'à qualification ou salaire sérieusement écorchés. Sans parler des anciens travailleurs condamnés aux " minima sociaux " qu'il n'est pas question d'augmenter ! Cela découragerait de chercher du travail, nous disent Fabius, Jospin et Cie !

Il va pourtant falloir que patrons et gouvernants paient la note. Il va falloir les y contraindre. Aujourd'hui, les transporteurs routiers ont pris la tête d'une fronde et bloquent des raffineries. Ils ont raison de se défendre. Avec un poids lourd, on peut faire barrage. Mais point n'est besoin aux travailleurs de bloquer de l'extérieur. Dans les raffineries, les transports, les banques et les industries, ils sont partout dans la place. Ils font tout tourner. Et à raison de détermination et d'organisation, ils peuvent tout paralyser pour faire entendre leurs revendications et celles de toute la collectivité.

Ca ne va pas tarder !

Editorial des bulletins d'entreprises L'Etincelle du lundi 4 septembre 2000, publiés par la Fraction.

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