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- Lutte ouvrière n°1691
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Dans les entreprises
Faïencerie Vitry-le-François (51) : 35 heures ou 35 horreurs ?
La Faïencerie de Vitry-le- François est une usine de 400 ouvriers fabriquant des sanitaires.
Les 35 heures viennent d'être signées par la CGT et la CGC. Force Ouvrière, qui représente la moitié des voix aux élections, n'a pas signé. Ces 35 heures sont une catastrophe pour les salariés !
L'horaire de travail augmente d'une ou deux heures par semaine dans quasiment tous les secteurs. L'annualisation des horaires est instaurée. Dans la période haute au printemps-été, le travail du samedi est banalisé, l'accord prévoit des semaines de six jours et de 48 heures et même davantage puisqu'au-delà de 48 heures, les heures supplémentaires seront payées. Le planning annuel de travail peut-être individuel et changé seulement sept jours avant. Cela signifie qu'on ne pourra jamais être sûr d'avoir un week-end à l'avance. Il s'agit d'une disponibilité totale à l'égard de l'employeur.
En décembre, il y aura une semaine supplémentaire de RTT et des semaines de 2 à 3 jours. Pourquoi l'annualisation ? Parce qu'en mai, juin, juillet, l'entreprise vend davantage de sanitaires qu'en hiver. L'entreprise n'a jamais eu aucun problème à produire des bacs à douche ou des lavabos six mois à l'avance. Mais cela fait un peu de stock et nécessite la location de surfaces dans les entrepôts. Il n'y a pas de petits profits et l'entreprise va nous rendre la vie intenable en été pour économiser quelque sous.
Les temps de pause ne sont plus comptés comme temps de travail. Le patron a même été jusqu'à faire chronométrer le temps que nous passons aux toilettes et à le déduire du temps de travail dit effectif !
Il y aura 0% d'augmentation de salaire en 2001 et 2002 et même, dans certains secteurs, baisse des salaires. Par exemple, dans des secteurs qui fonctionnent en 5¥8, c'est-à-dire en continu sept jours sur sept, le temps de travail était déjà à 35 heures. Pour toucher les subventions de la loi Aubry, le patron baisse l'horaire hebdomadaire à 33,6 heures. Mais, du coup, il baisse les salaires de 1800 F sur l'année. Lors d'une réunion, il a précisé qu'il pouvait maintenir leur rémunération annuelle, si l'on acceptait de travailler quatre jours de plus !
L'accord précise que «les salariés s'engagent à atteindre une augmentation de la productivité de 5%». Il faudra donc produire plus en 35 heures qu'en 39. Sinon, «le maintien des éléments du salaire pourrait être revu».
Aucune embauche n'est prévue. Au contraire, l'accord précise même que «les départs naturels ou démissions ne seront pas remplacés, sauf impérieuse nécessité».
C'est bien l'aveu que le patron veut augmenter la production avec moins de gens et nous faire travailler davantage en 35 heures qu'en 39 heures.
Donc, augmentation de la durée journalière, semaines infernales en été, blocage ou baisse des salaires et des effectifs, tout cela avec une augmentation de la production. Par-dessus le marché, le patron a confirmé qu'il toucherait les aides de la loi Aubry, soit 1700 F par mois et par smicard ! C'est ce qu'on appelle avoir le beurre et l'argent du beurre.
Les conséquences vont être terribles sur nos conditions de vie et de travail. Déjà aujourd'hui, les accidents et les maladies dues aux conditions de travail sont nombreux. Les maux de dos touchent énormément de salariés, à cause du port des pièces et des cadences très élevées. La chaleur et la poussière engendrent des maladies pulmonaires, dont la silicose. Une réelle réduction du temps de travail serait bienvenue et quitter une heure plus tôt chaque jour serait indispensable.
Mais il s'agit entièrement du contraire. Avec cette nouvelle organisation, on peut être sûr qu'il y aura davantage d'accidents et de décès prématurés.
La CGT a signé cet accord, ce qui n'est pas une surprise, car dans aucun domaine depuis des années elle n'a contrarié les volontés de la direction.
Et puis, depuis des mois, les chefs expliquent que, sans cet accord, la boîte peut couler et effectuent une pression maximum pour empêcher une réaction face à l'accord. Parallèlement, une avalanche de sanctions, de mises à pied pour un oui et un non sont venues alourdir le climat.
Mais cet accord n'engage que les signataires. Et le champagne que la direction leur avait promis pour fêter l'accord pourrait bien lui remonter dans la gorge plus vite que prévu.