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- Lutte ouvrière n°1692
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Leur société
Le scandale de la CGM : Pavillons et gouvernement de complaisance
Des policiers de la brigade financière ont perquisitionné à Matignon au sujet de la privatisation de la Compagnie Générale Maritime (CGM) en octobre 1996. A l'époque, le gouvernement dirigé par Alain Juppé avait vendu pour une bouchée de pain cette compagnie de fret maritime à Jacques Saadé, un financier libanais, patron de la Compagnie maritime d'affrètement (CMA). Déjà, à l'époque les syndicats des marins et sédentaires de la CGM avaient dénoncé le scandale financier.
En effet, entre 1992 et 1996, l'Etat avait apporté cinq milliards de francs pour renflouer cette société dont les actifs étaient estimés à 1,1 milliard de francs en 1996. Et, grâce à ses amitiés politiques au RPR, c'est pour vingt dérisoires millions de francs que Saadé avait fait main basse sur la CGM, soit un cadeau d'un milliard de francs. Cela n'empêcha pas les nouveaux patrons de supprimer aussitôt 342 emplois et de passer une partie de la flotte sous pavillon de complaisance.
Un milliard de francs de plus-value, c'est une belle recette. Mais cette dilapidation des fonds publics serait sans doute passée inaperçue si le frère cadet de Jacques Saadé, qui dirigeait à l'époque avec lui la CMA et était mécontent d'avoir été dépouillé ensuite par son aîné, n'avait déballé toute cette histoire devant les tribunaux et mouillé le gouvernement de l'époque.
Voilà qui suscitera peut-être une nouvelle «affaire». Mais pas forcément de condamnations, car, après tout, comme le disent les capitalistes, «business is business» et «les affaires sont les affaires».