Argentine : Le FMI au secours des capitalistes29/12/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/12/une-1694.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Argentine : Le FMI au secours des capitalistes

Avec la Turquie, où le système bancaire est menacé de faillite, l'Argentine est l'objet de toutes les attentions du Fonds monétaire international (FMI). Celui-ci vient d'accorder de nouveaux prêts à ces deux pays, avec l'objectif déclaré d'éviter l'éclatement d'une nouvelle crise financière analogue à celle qui avait surgi en 1997 en Asie du Sud-Est.

D'après le FMI, l'Etat argentin serait au bord de la cessation de paiement. Non seulement sa dette s'accroît, mais les créanciers privés se font maintenant prier pour renouveler les prêts ou en accorder de nouveaux, craignant la banqueroute de leur client. Les créanciers ont beau toucher des intérêts nettement supérieurs à ceux qu'ils perçoivent pour les bons du Trésor des Etats-Unis par exemple, cette prime, dite "de risque", ne leur suffit plus.

Dans une telle situation, le FMI vient d'accorder un prêt et il a demandé à des banques de s'engager elles aussi pour que l'Etat argentin dispose au total d'une quarantaine de milliards de dollars de crédits supplémentaires, censés "blinder" les finances de l'Argentine.

Le FMI se targue désormais d'intervenir avant que la crise éclate au grand jour, et de ne plus jouer les pompiers arrivant après coup comme ce fut le cas, par exemple, avec la crise financière en Asie du Sud-Est en 1997.

En fait, ce n'est pas la faillite de l'économie argentine, et avec elle la misère que celle-ci pourrait entraîner pour la population, qui l'inquiète, mais les risques qu'un tel événement ferait courir aux capitalistes ayant investi dans ce pays. Le prêt accordé vise à leur garantir que l'Etat argentin pourra payer ses traites pendant plus d'un an.

Les capitalistes français ne sont pas les derniers intéressés dans cette affaire puisqu'ils ont placé en Argentine 10,2 milliards de dollars, occupant la troisième place derrière les Etats-Unis (47,3 milliards) et l'Espagne (32,9 milliards). Vivendi, Suez-Lyonnaise des Eaux, EDF-GDG, Total, France Télécom ont profité des privatisations en Argentine ; Peugeot et Renault vendent 40 % des automobiles. Le Crédit Agricole, la Société Générale et la BNP ont multiplié leurs agences bancaires et bénéficient de l'envolée des intérêts que leur verse l'Etat argentin. Les assurances (Axa, AGF, CNP) et les trusts de l'agro-alimentaire sont également présents tandis que Carrefour représente 35 % de la grande distribution en Argentine.

Le prêt du FMI est pain béni pour les grandes sociétés, puisqu'il leur apporte une garantie de paiement. "Aider l'Argentine, c'est nous aider nous-mêmes", a expliqué un conseiller itinérant de l'Etat français pour l'Amérique latine.

Pendant ce temps, avec les encouragements du FMI, l'Etat argentin, qui a déjà beaucoup privatisé, entend maintenant s'attaquer à la privatisation du système de santé et d'une partie de la collecte de l'impôt. Pour le reste, le gouvernement argentin, présidé par le radical De la Rua, va accentuer sa politique d'austérité : diminuer le salaire des fonctionnaires, démanteler le système de sécurité sociale, supprimer le système de retraites par répartition pour les nouveaux salariés, ajoutant à la détérioration des conditions d'existence d'une population de 33,6 millions d'habitants dont 13,2 millions vivent déjà en dessous du seuil de pauvreté.

Ces derniers mois, des émeutes ont éclaté dans certaines des provinces les plus touchées par la crise économique. Une grève générale, appelée par les principales confédérations syndicales du pays, a paralysé la vie économique durant un jour et demi, en novembre dernier. Les travailleurs argentins ne peuvent, en effet, pas compter sur le gouvernement, pas plus que sur celui qui l'a précédé, qui défend les intérêts des possédants.

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