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Trafic d’armes en Afrique : Les "affaires" africaines de "Papa-m’a-dit"
Jean-Christophe Mitterrand, fils aîné de l'ancien président de la République, vient d'être écroué à la prison de la Santé pour "complicité de commerce d'armes illicite", de "recel d'abus de biens sociaux", et de "recel d'abus de confiance et trafic d'influence aggravé". En d'autres termes, il est accusé de trafic d'armes et de corruption !
L'enquête porte sur le rôle qu'il aurait pu jouer dans la signature d'importants contrats d'armement entre une société et le gouvernement angolais lorsqu'il était conseiller pour les "affaires africaines" à l'Elysée. A cette époque, Jean-Christophe Mitterrand, surnommé, entre autres par ses interlocuteurs africains, "Papa m'a dit", avait ses entrées chez les dictateurs africains et bénéficiait de l'appui inconditionnel de son papa qui siégeait à l'Elysée. Les juges auraient trouvé trace d'une somme de 13 millions de francs sur l'un de ses comptes en Suisse. A l'origine de ces versements suspects, la société Brenco dirigée par un homme d'affaires véreux, Pierre Falcone, aujourd'hui en prison, et qui est soupçonné d'avoir livré des armes russes à l'Angola en guerre.
Le Parti Socialiste est aux abonnés absents, lorsqu'on lui demande un commentaire sur cette affaire. Il n'aime guère disserter quand l'un des siens est pris la main dans le sac! La presse feint de découvrir la réalité de la politique "africaine" de la France, que ce soit celle de Mitterrand, ou celle de ses prédécesseurs.
De 1986 à 1992, Jean-Christophe Mitterrand avait mis en place ses propres réseaux d'influence (et d'affaires!) en Afrique, sur le conseil de son père, pour concurrencer les réseaux Foccart, le préposé aux affaires africaines de De Gaulle. Au temps où il était ministre de l'Intérieur, Charles Pasqua avait fait de même. L'arrivée au pouvoir de Mitterrand en 1981 n'a donc rien changé.
Ce trafic d'armes qui fait grand bruit n'est que la partie visible de l'iceberg des relations politico-mafieuses qui se sont nouées depuis des décennies entre les trafiquants de tout bord et les dictatures africaines. Hommes politiques et hommes d'affaires ont tissé des réseaux d'influence avec la bénédiction de l'Etat pour le plus grand profit des multinationales françaises. Voilà comment réseaux d'influence socialistes et post-gaullistes ont fini par s'associer, cette fois-ci, pour vendre des armes lourdes russes à un pays ravagé par la guerre civile.
Et pour peu que les juges chargés de l'enquête tirent un peu plus les ficelles de cette affaire, ils risquent de retrouver les noms des personnages déjà impliqués dans l'affaire Elf. Car derrière les petits trafics d'armes, il y a les grands trafics du pétrole, c'est-à-dire la manne que représente l'exploitation des gisements de pétrole dans certains pays d'Afrique comme l'Angola, le Gabon ou le Congo. Cette manne pétrolière rapporte des milliards de dollars dont le détournement d'une partie permet aux grands groupes pétroliers d'alimenter les caisses noires en tout genre, de corrompre des hommes politiques et des gouvernements.
Ces trafics sont le corolaire inévitable de la politique de pillage de l'impérialisme français en Afrique. Tant que l'impérialisme français pillera purement et simplement les richesses des pays d'Afrique, il maintiendra en place des gouvernements fantoches, il entraînera dans son sillage une nuée d'intermédiaires, d'hommes d'affaires, de diplomates, plus ou moins louches ou corrompus, au service des multinationales, qui n'hésitent pas à sauter le pas pour s'enrichir personnellement et devenir à leur tour des gangsters et des trafiquants. Rappelons qu'avant de diriger la Brenco Limited, au coeur du trafic d'armes actuel, Pierre Falcone avait travaillé pour la Sofremi, une société spécialisée dans les matériels militaires et liée au ministère de l'Intérieur français. Jean-Christophe Mitterrand disposait, lui, d'un "bon" carnet d'adresses!
Mais tous ces gens ne recueillent finalement que des miettes au regard des "affaires" organisées et des milliards encaissés par l'impérialisme français et les multinationales. Les commanditaires, ce sont eux! L'impérialisme français n'hésite pas à soutenir les régimes les plus sanglants comme celui de Sassou-Nguesso pourvu que les affaires continuent. Ce dictateur est revenu au pouvoir à Brazzavile, en 1997, au prix d'une terrible guerre civile qui a fait plusieurs centaines de milliers de morts. Ce soutien était le prix à payer pour que le groupe pétrolier Elf pille en toute tranquillité le pétrole congolais. Et question trafic d'armes, l'Etat français tire bien son épingle du jeu. Il se place parmi les premiers pays exportateurs d'armes de la planète et apporte un soutien sans faille à ses "trafiquants", pardon à ses fabricants d'armes... comme Dassault, Matra, etc. La vente "officielle" d'armes (puisque soumise à autorisation gouvernementale) rapporte à tout ce beau monde le joli pactole de 37 milliards de francs par an!