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- Lutte ouvrière n°1698
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Dans les entreprises
Danone - Ris-Orangis : Les salariés se mobilisent contre un plan inacceptable
Depuis que Le Monde a révélé les suppressions d'emplois et les fermetures de sites prévues par Danone, c'est l'écoeurement et la colère qui dominent sur le site de Ris-Orangis (souvent appelé usine d'Evry), où la production tourne au ralenti. Continuer à produire des biscuits pour engraisser des actionnaires en attendant de se faire mettre dehors comme un malpropre, non merci! La politique du trust est d'autant plus scandaleuse qu'il ne fait même pas semblant d'être en déficit et ne nie pas que la production de LU trouve à s'écouler : simplement, la rentabilité des biscuiteries, 7,8 %, est inférieure à la moyenne du groupe... Il faut donc licencier simplement pour arrondir la cagnotte des actionnaires!
Au fil des assemblées générales quotidiennes est ressortie la volonté de ne pas accepter la moindre suppression de poste ni à plus forte raison aucune fermeture d'usine. Mais la stratégie du groupe, qui entretient un climat d'incertitude et dément l'article du Monde tout en confirmant du bout des lèvres l'existence du plan social, pèse sur les nerfs de tous.
C'est pourquoi, jeudi 18 janvier, lors de la journée d'action prévue contre les licenciements, un bon millier d'ouvriers, d'employés, d'agents de maîtrise et de cadres venus de tous les sites menacés avaient à coeur d'obliger Riboud à révéler ses intentions de manière à être fixés sur leur sort. La participation fut très large puisqu'il a fallu sept cars pour acheminer tous les manifestants de Ris jusqu'au siège, boulevard Haussmann, où convergeaient les grévistes.
Mais là, malgré plus de deux heures d'attente dans le froid, les travailleurs sont restés sur leur faim. La direction n'avait manifestement pas l'intention de dévoiler ses batteries et s'est contentée de "s'engager" à rendre publique, non pas le plan lui-même, mais seulement une "étude", au plus tard le 15 avril! La délégation n'a pas obtenu de réponse mais s'est fait entendre.
Ce n'est évidemment pas ce qu'attendaient les ouvriers qui secouaient les grilles en scandant "La vérité!" et en qualifiant le patron de "ripoux".
L'après-midi, au Coudray-Montceaux, devant l'hôtel où se réunissait le comité central d'entreprise (CCE), gardé par les gorilles payés par Danone et sous la protection des CRS, ce fut quasiment le même scénario. Il fallut deux heures à la direction pour expliquer en long et en large sur la base de quels calculs cyniques elle arrêterait une décision : les ouvriers des sites français seraient comparés, non à leurs collègues d'Europe de l'Est (car Danone s'implante notamment en Hongrie), mais aux usines occidentales (Nabisco, etc.). Le taux d'utilisation des équipements des usine LU semble trop bas aux technocrates : évidemment, puisqu'ils prennent pour base de calcul le fonctionnement des lignes 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, dimanche et jours fériés compris, la direction locale demandant seulement 24 heures par semaine pour la maintenance! L'un des délégués a claqué la porte de la réunion, refusant d'écouter les justifications données par la direction pour licencier et faire tourner les ouvriers en bourriques.
Le soir, de retour à l'usine de Ris, s'est tenue une dernière assemblée générale. Il apparaît désormais à tous qu'il faut se préparer à une bataille de longue haleine. La direction mène la guerre des nerfs et compte sans doute semer le trouble, diviser les sites et les catégories, souffler alternativement le chaud et le froid. L'enjeu est de rester unis derrière la défense de tous les emplois sur tous les sites. Il n'y a rien à négocier, à discuter, dans les projets honteux de Danone.
Le soir du 18, à l'assemblée générale, des explications ont été données sur le déroulement de la journée et les propos de la direction. Et le lendemain, à la jonction des deux équipes, une nouvelle assemblée générale s'est tenue dans la cantine, au cours de laquelle s'est manifestée spontanément la volonté de s'organiser de manière beaucoup plus large. Un "groupe de communication" d'une vingtaine de salariés, dont une majorité de non-syndiqués, s'est ainsi constitué avec le but de coordonner les initiatives locales et ensuite les actions sur les différents sites.
Les travailleurs de Danone étaient décidés à aller à la manifestation du 25 janvier et prêts à démontrer leur détermination en tête de cortège.