USA : Le ralentissement économique et ses conséquences02/02/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/02/une-1699.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

USA : Le ralentissement économique et ses conséquences

Pas de panique, ce n'est pas la crise, ce n'est qu'un ralentissement, Greenspan, le président de la Fed (la banque centrale américaine) prépare un atterrissage en douceur C'est ce que déclarait en substance, il y a quelques jours sur France Inter, le spécialiste Raymond Barre, cet ancien Premier ministre de Giscard que ce dernier présentait comme le premier économiste de France.

Sans attendre que Greenspan annonce que la croissance économique américaine était revenue à 0 %, les dirigeants des plus grandes sociétés d'outre-Atlantique ont relancé une vague de licenciements massifs. Chrysler a fait savoir qu'il allait supprimer 26 000 emplois (un cinquième de ses effectifs). 14 000 autres suppressions d'emplois sont prévues chez General Motors et 13 000 dans le seul secteur de l'Internet, que les admirateurs professionnels ou naïfs du capitalisme présentaient, il y a peu encore, comme le moteur d'une nouvelle et puissante expansion, sinon d'une véritable révolution économique...

On comptabilise 100 000 suppressions de postes en une semaine aux Etats-Unis , titrait à sa Une le quotidien économique français Les Echos, mardi 30 janvier, qui précisait que les entreprises américaines semblent se livrer, depuis une semaine, à une sinistre surenchère en matière de suppressions d'emplois.

En fait, même durant les neuf dernières années où l'économie américaine affichait des chiffres de croissance qualifiés de brillants par ce même journal, les licenciements n'ont jamais cessé. Mais ils étaient en partie masqués par la création de nombreux emplois précaires, de ces petits boulots liés ou pas à ce que l'on a appelé la nouvelle économie , celle des entreprises d'Internet et autres start-up technologiques.

Que ce boom ait reposé en grande partie sur du vent - même s'il a rapporté gros à certains -, on ne l'a que trop vu. Après plusieurs alertes d'ampleur variable, le marché boursier de ces entreprises s'est effondré l'an dernier, les actions des plus grandes d'entre elles perdant jusqu'à 90 % de leur valeur en quelques mois. Et c'est le dégonflement brutal de cette sphère hautement, sinon uniquement, spéculative (car, en laissant entrevoir de mirifiques gains à venir, ces entreprises ne produisant rien en étaient arrivées à dépasser la capitalisation boursière des géants industriels américains) qui entraîne à sa suite l'ensemble de l'économie du pays le plus développé de la planète.

Il n'y a pas à pleurer sur ceux des spéculateurs qui y ont laissé des plumes, et sur ceux qui vont encore le faire. La plupart ont sans doute amassé un magot suffisant pour voir venir. Cela d'autant moins que ceux auxquels les actionnaires présentent l'addition sont encore et à nouveau les travailleurs. Ceux auxquels on avait dit que les entreprises de la nouvelle économie (et en fait d'une exploitation aussi vieille que le capitalisme) représentaient l'avenir et qu'ils devaient, pour cela, consentir certains sacrifices. Ceux encore plus nombreux - on le voit dans les chiffres de licenciements annoncés - qui travaillent dans les secteurs traditionnels de l'économie américaine et que les patrons de ces entrepr

ses veulent licencier, non pas que celles-ci soient directement affectées par le krach des sociétés dites de nouvelles technologies, mais parce qu'ils prennent ainsi les devants d'une possible sinon probable récession et cherchent à garantir le même taux élevé de profit en réduisant leurs coûts salariaux.

Devant l'ampleur de ce coup d'arrêt de l'économie américaine, les bonnes âmes - qui n'avaient rien vu venir - se répandent dans les médias en disant qu'une récession n'est pas à craindre. Qu'ils y croient ou pas, qu'ils essayent de conjurer le sort en pratiquant la méthode Coué - pour éviter un vent de panique boursière qui pourrait précipiter une crise, tant le système capitaliste repose sur une forte dose d'irrationalité -, une chose est d'ores et déjà certaine : ce ralentissement (pour le moins) de l'économie américaine pourrait ne pas se borner aux frontières des Etats-Unis. Le FMI (Fonds monétaire international), qui en septembre dernier pronostiquait pour 2001 une croissance mondiale de 4,2 %, en a rabattu d'un tiers : il ne parle plus que de 3,5 %. Et encore, si les événements ne se précipitent pas, si le ralentissement ne se transforme pas en récession, voire en crise majeure de cette économie capitaliste destructrice de valeurs, d'emplois, de vies humaines à une échelle jamais vue.

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