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Médicaments génériques contre le Sida : Les trusts pharmaceutiques des Etats-Unis soignent leurs profits
Les Etats-Unis ont porté plainte devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC), contre la fabrication de médicaments génériques par le Brésil. Le gouvernement américain prend ainsi la défense de ses trusts pharmaceutiques qui, selon la presse, ont " voté républicain " en versant des millions de dollars pour la campagne de Bush junior. Ils en ont les moyens : les cinq premiers d'entre eux (Merck, Pfizer, Bristol Myers Squibb, Johnson & Johnson et American Home) réalisent une cinquantaine de milliards de dollars de chiffre d'affaires.
Le gouvernement américain conteste donc la légalité internationale d'une loi brésilienne de 1996 concernant les brevets. Selon cette loi, si un médicament n'est pas produit au Brésil par la firme qui en possède le brevet, le gouvernement brésilien peut le produire lui-même, ou autoriser un industriel local à le faire. C'est d'ailleurs ce que prévoient les accords internationaux en cas d'urgence sanitaire. Et c'est bien la moindre des choses. La firme propriétaire du brevet peut choisir de produire au Brésil, à des conditions négociées. Mais cela risque d'écorner quelque peu les profits des trusts qui ont le monopole.
Cette fois, il s'agit du sida. Le secteur public brésilien produit des médicaments contre cette maladie, vendus bon marché, et même distribués gratuitement à 90 000 personnes. Selon Médecins Sans Frontières, le taux de mortalité due au sida aurait de ce fait diminué de moitié au Brésil, qui aurait de plus économisé, entre 1997 et 1999, 422 millions de dollars en frais médicaux et d'hospitalisation.
Aux prix des médicaments importés des Etats-Unis, la majorité de ces personnes ne pourraient se soigner. Seule la minorité la plus aisée pourrait le faire. Les profits des trusts seraient donc limités car le marché solvable l'est aussi. Mais il n'y a pas de petits profits.
L'affaire brésilienne recèle pour les trusts une autre menace. Le Brésil pourrait produire cinq fois plus de médicaments contre le sida et en exporter à bas prix dans le monde entier. Voilà l'argument qui pourrait amener les requins de la pharmacie à négocier avec le gouvernement brésilien, qui veut tout simplement lutter contre le fléau sur son territoire, et surtout pas déclarer la guerre aux trusts qui règnent sur l'économie.
Mais ces derniers, par Etat interposé, ne tolèrent pas qu'on les concurrence. Édifiant !