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Leur société
Élections : Vous avez dit "parité" ?
Pour les élections municipales de mars 2001, la loi électorale obligeait pour la première fois les listes en présence à respecter la parité hommes-femmes. C'est-à-dire (sauf dans les communes de moins de 3500 habitants), à présenter un nombre égal, à une unité près, de candidats et de candidates sur une même liste.
Cette loi, Jospin l'avait voulue. Et, cohabitation oblige, toute une partie de la droite (dont la présidente du RPR, Michèle Alliot-Marie) s'était prononcée contre une mesure prenant à rebrousse-poil nombre de notables politiques de tous bords et, évidemment, de sexe masculin.
Les femmes sont, bien sûr, scandaleusement sous-représentées dans le monde politique, comme à tous les postes de responsabilité et de décision dans cette société fondée sur l'injustice. Au mieux, la loi sur la parité pouvait aménager un petit aspect de l'injustice faite aux femmes, mais sans vraiment y changer grand-chose, en tout cas rien de fondamental.
En se présentant comme voulant gommer un des côtés les plus machistes du monde politicien (mais dans le cadre des seules élections municipales), le gouvernement se donnait un air "réformateur" opposé à un mode de fonctionnement misogyne. Mais cela, sans que cela lui coûte rien, et surtout - car c'est une constante de toutes ses "réformes de gauche" - sans que cela coûte quoi que ce soit à la bourgeoisie.
Les élections passées, qu'en est-il ?
Selon le ministère de l'In térieur, dans les communes visées par la parité, le nombre des conseillères passe de 22 % à 47,5 % du total, pas tout à fait 50 % donc, car rien n'obligeait à alterner rigoureusement hommes et femmes sur les listes : c'est par blocs de six candidats que la loi imposait de présenter autant de femmes que d'hommes, sans empêcher par exemple que les trois premiers, dont la tête de liste, soient des hommes.
Mais dès lors qu'il ne s'agit plus de conseillers et conseillères "de base", l'inégalité se creuse. Dans les villes de plus de 15 000 habitants, d'une trentaine de femmes maires on est passé à 44. Une progression d'un tiers, mais un total bien faible. Plus l'agglomération est importante, plus l'écart hommes-femmes s'accroît. Ainsi, seules quatre des trente-sept villes de plus de 100 000 habitants sont dirigées par une femme, soit à peine une sur dix.
Au sein des municipalités, s'agissant des adjoints, (seuls, avec le maire, à percevoir une indemnité de fonction, voire d'autres avantages, et à disposer d'une délégation de pouvoir), bien peu sont des ajointes : 5 sur 16 à Besançon, dirigée par le PS ; 5 sur 12 à Blois, que l'UDF a enlevée au ministre PS de l'Edu cation, Lang, qui n'avait que 4 femmes parmi ses adjoints. Même là où, comme à Paris, sur 33 adjoints on compte une majorité de femmes, dont le premier-adjoint (un terme qui, soit dit en passant, ne s'emploie guère au féminin, et pour cause), les postes considérés comme stratégiques ou valorisants, tel celui d'adjoint aux Finances, relèvent presque toujours du seul domaine masculin. Et rappelons que si les Verts, qui se voulaient les champions de la parité, ont obtenu 33 mairies grâce au PS, ils se sont très bien débrouillés pour rester tout seuls : sur ces 33 maires, pas un n'est une femme.
Quant aux élections législatives et présidentielle à venir en 2002, la loi sur la parité ne s'applique pas. Et il y a fort à parier qu'à droite comme à gauche, chez les candidats et surtout les élus des partis de gouvernement, la discrimination à l'encontre des femmes, sinon revendiquée du moins de fait, continuera comme avant.