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- Lutte ouvrière n°1710
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Afrique : Les enfants-esclaves du golfe de Guinée - l'exploitation capitaliste dans toute sa cruauté
Après quinze jours d'errance dans le golfe de Guinée, le cargo Etireno est arrivé dans la nuit de lundi à mardi dans le port de Cotonou. A son bord, 147 passagers dont une quarantaine d'enfants et d'adolescents. Ces derniers étaient 250 d'après l'UNICEF lors de l'escale au Cameroun. Ont-ils été débarqués, transférés à bord d'un autre navire ou même jetés par-dessus bord comme le craignaient depuis plusieurs jours les organisations humanitaires ?
La publicité faite autour de ce cargo en mauvais état, refoulé de plusieurs ports après que la nature de sa cargaison, des enfants destinés à être vendus comme esclave, était devenue une évidence, a tourné les projecteurs de l'actualité vers un trafic généralisé à l'échelle de tout l'ouest africain. Il concernerait plus de 200 000 enfants rien qu'au Gabon et en Côte-d'Ivoire d'après l'UNICEF.
Pour la plupart, ils viennent des villages les plus pauvres du Togo, du Bénin, du Mali et des pays voisins dévastés par une décennie de guerre civile. Certains sont vendus par des familles frappées par la famine. D'autres se laissent enrôler plus ou moins de force. Moyennant les quelques dizaines de francs qu'il leur en coûte, les trafiquants les revendent ensuite dix fois plus cher à leur nouveau propriétaire. Les filles deviennent domestiques dès 5 à 6 ans, les garçons manoeuvres dans les plantations de coton ou de cacao, ou bien porteurs dans les mines. Logés dans des baraques cadenassées, nourris de maïs bouilli, battus, menacés d'avoir les pieds tailladés en cas de tentative d'évasion, ce sont de véritables esclaves devant rembourser leur prix d'achat et leur nourriture par un travail acharné, sans le moindre salaire.
Chacun a sa part de responsabilité et de profits dans cette exploitation féroce : les trafiquants d'esclaves, les gouvernements complices (ceux des pays africains et plus encore ceux des pays riches) qui cachent leur inaction derrière de grandes déclarations solennelles, et surtout les grands groupes capitalistes internationaux. Car même lorsqu'ils ne sont pas les propriétaires directs des plantations, mines et usines où ces enfants-esclaves sont exploités, ces groupes achètent après coup pour des prix dérisoires les denrées qui ont fait la fortune des Nestlé, des Boussac et de leurs héritiers d'aujourd'hui.