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Leur société
Projet Voynet : Encore un coup d'épée dans l'eau
Alors que son "écotaxe" avait été enterrée sans fleurs ni couronnes, le projet de loi sur l'eau a été présenté en grande pompe par Dominique Voynet en Conseil des ministres. Cadeau de départ de Lionel à Dominique, a-t-on dit, à deux semaines de son départ du gouvernment, ce projet, s'il voit le jour, n'éclaboussera pas les Vivendi, Lyonnaise des Eaux et Bouygues qui monopolisent le secteur et puisent dans les poches des consommateurs.
Ce projet est en chantier depuis trois ans. Il a connu dix-sept versions successives sous la pression des lobbies des agriculteurs et des industriels. Et ce n'est sans doute pas fini. Il ne devrait être présenté qu'à la prochaine session parlementaire et ne pourra, de toute façon, pas être adopté avant la présidentielle de 2002. D'ici là, beaucoup d'eau aura coulé sous les ponts.
Un des objectifs affichés de cette loi est d'augmenter les contribution des industriels, et surtout des agriculteurs, à la dépollution. Pour l'instant, ce sont, pris globalement, les particuliers qui payent sur leur facture 85 % des taxes, les industriels en payant 14 % et les agriculteurs 1 %. Si le projet était adopté, les ménages payeraient 79 %, les industriels 16 % et les agriculteurs 5 %.
Il n'y a pas là de quoi baisser sensiblement la facture de l'eau des consommateurs. Par ailleurs, aujourd'hui, le secteur industriel reçoit autant d'aides au titre de la dépollution que ce qu'il paye. Même si l'on augmente leur contribution, il y a de fortes chances qu'ils continuent à récupérer d'une main ce qu'ils devraient verser de l'autre. On ne va pas apprendre aux industriels de l'eau le principe des vases communicants.
Mais l'essentiel reste la dictature des trois groupes Vivendi-Water (ex-Générale des Eaux), Ondeo (Lyonnaise des Eaux) et Saur (Bouygues) qui monopolisent le secteur de la distribution de l'eau. Le prix de l'eau dans la plupart des communes a doublé ou triplé ces dernières années. L'opacité la plus totale est de règle sur la façon dont est facturée l'eau. On ne connaît que les bilans fortement positifs de ces groupes privés.
Il y avait un projet de créer un "haut conseil des services publics de l'eau". Cet organisme devait exercer un pouvoir de "police", examiner le prix du mètre cube et les contrats de gestion passés par les communes avec les groupes privés. L'aurait-il fait ? On ne le saura jamais car, dans la dernière mouture de ce projet remanié, il n'aura plus aucun pouvoir et devient uniquement un service d'aide aux collectivités, sans pouvoir autre que consultatif. Autant dire que les capitalistes de l'eau peuvent dormir sur leurs deux oreilles, que le projet Voynet voie le jour ou non.