Il y a de la grogne chez certains héritiers de la famille de Wendel envers celui qui s'occupe de leurs affaires: Seillière.

Le dirigeant du Medef, lui-même un des héritiers, dirige depuis 1976 la holding financière familiale Marine-Wendel. A l'origine, cette dynastie avait bâti sa fortune dans la sidérurgie lorraine. Ce secteur s'est effondré, mais pas la fortune de la famille de Wendel, loin de là. Après l'élection de Mitterrand en 1981, le gouvernement Mauroy avait racheté à bon prix les usines sidérurgiques, prenant même en charge les dettes du groupe. Le tout avec les deniers publics. Plusieurs dizaines de milliers d'emplois furent alors supprimés, les de Wendel, eux, réinvestirent les capitaux qu'opportunément et généreusement l'Etat leur avait versés dans d'autres branches telles l'informatique avec Cap Gemini, l'équipement automobile avec Valeo ou, récemment, le transport aérien avec AOM.

En tant que représentant des actionnaires de cette entreprise, Seillière a récemment fait parler de lui en annonçant la liquidation du groupe AOM-Air Liberté et la suppression de plus de mille emplois.

Mettre des salariés à la porte pour pouvoir faire fructifier les capitaux ailleurs, les de Wendel connaissent! Mais ces gens-là préfèrent régler leurs affaires discrètement, et la publicité autour de la liquidation d'AOM ne semble pas avoir été du goût de tous les membres de la famille. Son patriarche, un certain Pierre Celier (83 ans) qui était, paraît-il, jusque-là un soutien de Seillière, serait remonté contre son cadet. En novembre, devrait avoir lieu une réunion des héritiers de Wendel (ils sont environ 700): le baron se fera-t-il taper sur les doigts par le parrain?

Le plus comique de l'affaire, c'est quand même de voir que parmi les reproches faits à Seillière par les membres de sa famille, il y a "son manque total de transparence dans la conduite des affaires familiales". A qui le dit-on! Il serait bien nécessaire de rendre publics tous les montages financiers de ces gens-là; on découvrirait alors l'ampleur des profits qu'ils ont accumulés au fil des décennies.

Certes, ce n'est pas la transparence que souhaitent les héritiers de Wendel intéressés. Mais la population est en droit de savoir, plus que les rejetons de la tribu de Wendel. D'autant que c'est avec l'argent des contribuables que son empire financier s'est maintenu et accru.