Lundi 16 juillet, au moment où se préparait à Jérusalem, sous la protection d'un millier de policiers, l'ouverture des XVIe Jeux olympiques juifs (les Maccabiades), un jeune Palestinien est mort dans un attentat-suicide devant un arrêt de bus de la ville israélienne de Binyamina, au nord de Tel-Aviv. Cet acte revendiqué par le Jihad a fait trois morts (dont le Palestinien) et plusieurs blessés. Le soir même, des chars de l'armée israélienne ont bombardé des secteurs de la ville dont serait originaire le jeune Palestinien. Le lendemain, des tirs à partir d'hélicoptères israéliens ont fait au moins quatre morts dans une demeure de Bethléem.

L'attentat-suicide est intervenu après que les chars israéliens eurent attaqué les quartiers arabes de la ville d'Hébron, et ce à plusieurs reprises en l'espace de quelques jours, en représailles à des tirs palestiniens. Les moyens utilisés par l'armée israélienne sont sans commune mesure avec ceux des combattants palestiniens. Mitrailleuses lourdes, obus de chars, tirs au canon ou à partir d'hélicoptères de combat font partie de l'arsenal désormais " ordinaire " employé contre la population palestinienne.

Depuis le 13 juin dernier, date officielle du cessez-le-feu entre l'armée israélienne et l'Autorité palestinienne, il y a eu du côté palestinien près de 52 tués, 1 000 blessés, des dizaines de maisons détruites. En moyenne, cela fait plus d'un mort par jour, dans la proportion de deux Palestiniens pour un Israélien. Dans le même temps, le bouclage des territoires occupés continue, emprisonnant 3,5 millions de Palestiniens, avec tout ce que cela signifie comme privations pour les familles dont les seules sources de revenus sont les salaires des ouvriers palestiniens travaillant en Israël. Face à la poursuite de l'occupation israélienne, face au maintien de la colonisation et au découpage des territoires autonomes, face à l'humiliation, à la misère, à l'absence de tout espoir, des jeunes Palestiniens sont prêts à mourir en commettant des attentats-suicides. Certes, de tels actes qui visent indistinctement civils ou militaires, hommes, femmes ou enfants ne sont pas acceptables. Mais le fait que des jeunes palestiniens soient prêts à se sacrifier ainsi dans de tels attentats en dit long sur la situation qui prévaut là-bas, sur la détresse de tout un peuple.

Et puis, dans la guerre de plus en plus ouverte qui ensanglante cette région, le terrorisme individuel de jeunes Palestiniens n'est que le pendant du terrorisme d'Etat d'Israël qui bombarde aveuglément demeures, quartiers et villages palestiniens. Seule différence tout de même, les premiers ne sont jamais protégés par le blindage d'un char ou par la distance à la cible.

Les déclarations de Sharon sur le fait qu'il n'y aura pas de négociations avec les Palestiniens " sans qu'un calme total soit revenu et aussi longtemps que le terrorisme et la violence se poursuivront " sont une incitation à la poursuite des crimes envers les Palestiniens. Car comment le calme pourrait-il revenir alors que l'armée israélienne mène une guerre ouverte à la population palestinienne ?

Tant que l'armée israélienne se comportera comme elle le fait actuellement, tant que les gouvernements maintiendront leur politique de spoliation, le fossé de sang continuera de s'approfondir entre les deux peuples. La responsabilité en incombe avant tout aux gouvernements israéliens.