Voilà plus de trois semaines maintenant que l'armée américaine bombarde l'Afghanistan et le tribut payé par la population civile est de plus en plus lourd. Car si les bombes sont tombées sur des camps d'entraînement abandonnés ou des caches de Ben Laden désertes, elles sont aussi tombées sur des quartiers populaires de Kaboul, des entrepôts de la Croix-Rouge, une mosquée et un hôpital près d'Herat, et sur plusieurs villages qui ont été durement touchés, parmi lesquels un village contrôlé par les troupes de l'opposition ! Il n'est plus de jour sans que de nouvelles victimes n'ayant rien à voir avec les attentats contre New York soient à déplorer. Il y a déjà plusieurs centaines de morts.

Et lorsque les dirigeants américains parlent "d'erreurs", c'est une façon de parler car il est bien évident qu'en bombardant le pays, les USA ont pris le risque de faire des victimes tout aussi innocentes que celles qui ont péri dans le World Trade Center. D'ailleurs, utiliser des bombes à fragmentation qui se transforment en multiples bombes antipersonnelles, comme les dirigeants américains ont été obligés de le reconnaître, c'est justement frapper au hasard, y compris des enfants, dans l'espoir que l'une des victimes sera peut-être un membre des réseaux de Ben Laden...

L'objectif affiché de l'opération "Liberté sans limite" était d'obliger les membres des réseaux de Ben Laden à "sortir des trous où ils se cachent", de capturer Oussama Ben Laden "mort ou vif" et bien sûr de faire payer les taliban.

Trois semaines après le début des bombardements américains le secrétaire d'Etat à la Défense, Donald Rumsfeld, est obligé de reconnaître que la résistance des taliban, des "gens très durs qui ont fait carrière dans le combat", est plus difficile à briser que prévu. Il a reconnu que "la capture de Ben Laden, c'est quelque chose de très difficile à réaliser", "je ne sais tout simplement pas si nous réussirons" a-t-il ajouté.

En tout cas pour l'instant ce sont les taliban qui se sont emparés de quelques commandants de l'Alliance du Nord et surtout d'Abdul Haq, le chef militaire du sud du pays lors de la guerre contre l'armée russe, revenu en Afghanistan à la tête d'une centaine d'hommes pour tenter de soulever des tribus pachtounes contre les taliban. La CIA, qu'il avait appelée au secours, n'a pas réussi à le sauver des taliban et Donald Rumsfeld a dû reconnaître : "Hélas l'aide est venue des airs, alors qu'il était au sol. Et malheureusement il a été tué." L'une des stratégies mises en avant par les dirigeants américains : affaiblir les taliban en suscitant des défections dans leur camp, a été ainsi mise en échec.

Pire, ce sont des milliers d'hommes qui, au Pakistan, se préparent à rejoindre les taliban pour mener la guerre à leurs côtés. Et plus le temps passe, plus les risques de déstabilisation du Pakistan augmentent. Déjà toute une série d'attentats a frappé le pays. Car la politique des USA, loin d'éradiquer le terrorisme ne fait que susciter plus de haine et de désespoir et fait se lever de plus en plus d'hommes prêts à se battre et à mourir pour la combattre.

Le terrorisme d'Etat pratiqué par les USA, avec l'aide de la Grande-Bretagne et l'approbation des autres puissances impérialistes, contre les populations civiles qui vivent déjà dans des conditions effroyables ne peut que renforcer les vocations terroristes.

C'est la politique sanglante de l'impérialisme aux quatre coins du monde qui a engendré les attentats barbares du 11 septembre, et la barbarie de la riposte illustre l'engrenage infernal dans lequel l'impérialisme plonge le monde.

Les dirigeants américains laissent entendre que les bombardements vont continuer, même y compris pendant le ramadan qui commence dans trois semaines, alors qu'ils avaient auparavant parlé d'une trève à ce moment. C'est laisser entendre que la guerre peut durer encore des semaines et des mois.

L'intérêt des populations, partout dans le monde, aussi bien en Afghanistan qu'aux USA et ici même, c'est de se dresser pour obliger les dirigeants impérialistes à arrêter cette guerre ignoble !