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Leur société
Chômage : Contre les mauvais chiffres, on va changer... le mode de calcul !
Depuis le mois de mai les chiffres officiels du chômage sont à la hausse. Mercredi 31 octobre, ceux du mois de septembre ont été connus : avec 13 100 chômeurs de plus le taux de chômage officiel est passé de 9 % à 9,1 %.
Mais avant même la publication de ces chiffres de septembre le quotidien économique Les Echos annonçait que l'emploi Intérim qui, avec les contrats à durée déterminée, représente l'essentiel des embauches avait diminué de 7,7 % par rapport au mois de septembre 2000, cette baisse touchant même pour la première fois le secteur tertiaire. Du coup l'INSEE, l'organisme des statistiques contrôlé par l'État, a annoncé (La Tribune du 30 octobre) qu'il livrerait le 16 novembre des statistiques nouvelle formule, qui permettraient, l'INSEE l'annonce à l'avance, de rectifier à la baisse le taux de chômage de septembre et des mois suivants.
Pour le gouvernement il était temps d'agir... sur les statistiques, car les échéances électorales se rapprochent et rien ne laisse entrevoir une quelconque amélioration de l'emploi. Surtout que Jospin et son gouvernement ne font absolument rien pour entraver le droit des patrons à licencier à leur guise, droit que le gouvernement considère comme intouchable. Le président du MEDEF a ainsi annoncé le point de vue des patrons : "Si la situation reste plutôt bonne du côté de la demande des ménages, l'investissement s'écroule". Ce qui veut dire que le patronat a déjà anticipé le ralentissement économique en arrêtant tous les investissements et, devrait-il ajouter, en commençant largement à supprimer des emplois.
Le gain du nouveau tripatouillage de chiffres que va mettre en place l'INSEE se chiffrerait à 0,5 point sur le taux de chômage, faisant par exemple passer le taux du mois d'août de 9 % à 8,5 %. La justification avancée est que les variations sur l'intérim fausseraient l'évolution réelle de l'emploi et qu'il existe, ô miracle, une référence statistique européenne, Eurostat, qui convient parfaitement.
Mais les responsables qui ont ordonné ce nouveau tour de passe passe sur les chiffres réels du chômage ont du culot, en invoquant aujourd'hui les distorsions sur la réalité de la situation de l'emploi que provoqueraient l'intérim et l'emploi précaire ! Pendant des mois le gouvernement a utilisé leur gonflement considérable pour sortir des statistiques avantageuses dont il concluait que tout allait bien en France pour l'emploi, et que c'était, selon tous les ténors socialistes, le résultat de la réussite de la politique du gouvernement Jospin. Peu importait alors au gouvernement et à ses laudateurs que cette prétendue amélioration traduise en fait une dégradation de la condition du monde du travail.
D'ailleurs, les mêmes savaient parfaitement que leurs chiffres officiels, optimistes jusqu'en mai dernier, ne valaient pas grand-chose, puisqu'une grande part des sorties de l'ANPE ne correspondait pas à des reprises d'emploi mais à des dizaines de milliers de radiations administratives, faites sur l'injonction du mal-nommé ministère de l'Emploi. Et si ces gouvernants socialistes hypocrites voulaient revenir à des références moins contestables en matière de calcul du nombre des chômeurs, ils auraient dû commencer par reprendre le mode de calcul qui existait avant juin 1995.
En effet c'est à cette date que le gouvernement de droite d'alors, Chirac-Juppé, avait ouvert son mandat en décidant de faire baisser d'un coup le nombre de chômeurs de 500 000 en éliminant des statistiques tous les chômeurs exerçant une activité partielle de 78 heures par mois ou plus, mais recherchant un emploi à plein temps. Les anciennes statistiques étaient pourtant, référence pour référence, celles retenues encore à ce jour par l'Organisation Internationale du Travail. Cette fraude avait été alors sévèrement condamnée par un certain Jospin, avant qu'il ne le reprenne à son compte comme bien d'autres choses, quand il est revenu au gouvernement en 1997. Mais mentir et travestir la réalité seront donc les seules actions perceptibles dont aura été capable ce gouvernement sur la question du chômage ; tout comme ceux qui l'ont précédé.