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Etats-Unis - Brevets des médicaments : Quand Bush découvre l'urgence médicale
Le gouvernement américain vient d imposer au groupe pharmaceutique allemand Bayer de baisser de moitié le prix de son antibiotique contre l'Anthrax, le Cipro. Ce prix va passer de 1,77 dollar à 95 cents la pilule. L'administration Bush avait menacé Bayer de lever purement et simplement son brevet sur ce médicament, afin de permettre la production de médicaments génériques, encore moins chers. Bayer s'est incliné, le gouvernement américain ayant invoqué "l'état d'urgence maximale" qui permet de passer outre aux règles régissant les brevets.
Curieusement, c'est ce même "état d'urgence maximale" que les dirigeants américains combattent vigoureusement lorsqu'il est invoqué par les pays pauvres. C'est notamment le cas de l'Afrique du Sud, de l'Inde ou du Brésil, qui souhaitent pouvoir fabriquer des médicaments génériques, en particulier contre le Sida. L'Etat américain n'hésite pas à soutenir de longues procédures juridiques contre les pays qui ont choisi de produire ces médicaments, et à multiplier les menaces de rétorsions économiques envers ceux qui voudraient le faire. Il apporte ainsi un soutien sans faille à ses propres trusts pharmaceutiques aux dépens des populations d'Afrique du Sud, d'Inde, et du Brésil ou de Thaïlande.
Pour Bush et ses semblables, faire un geste vis-à-vis de l'opinion publique américaine inquiète, c'est une "urgence maximum". Il est même prêt pour cela à parler un peu fermement à un laboratoire pharmaceutique, et à lui demander de limiter en partie ses profits. Mais donner aux dizaines de millions de personnes victimes du Sida dans les pays pauvres une chance de ne pas mourir, en ramenant par exemple le coût d'un traitement de 15 000 dollars à 600, ce n'est pas une urgence. Au contraire même, ils considèrent cela comme une atteinte inadmissible à la propriété privée et font tout leur possible pour l'empêcher.