Depuis maintenant quatre mois, des sans-papiers occupent l'ancienne gendarmerie de Saint-Denis, et depuis quatre mois le préfet de Seine-Saint-Denis joue la montre, pariant sur leur découragement.

Il a régularisé quelques dossiers, sur les 75 qui lui ont été soumis, 19 personnes ont finalement obtenu leurs papiers. Mais cela s'est fait au compte-gouttes et dans l'arbitraire le plus total. Alors que certains dossiers sont acceptés, d'autres qui obéissent aux mêmes critères sont refusés, sans aucune explication. Reste pour les sans-papiers, victimes de cette décision, à entamer un recours, procédure longue et hasardeuse. On comprend alors que les décisions du préfet aient poussé trois sans-papiers, par désespoir, à entamer une grève de la faim. Deux d'entre eux ont arrêté après plus de 40 jours. Mais Ali Mansouri a continué, il en est à son 51e jour et vient d'être hospitalisé à l'hôpital Avicenne, où il est en observation. Son état est préoccupant.

Le préfet et les autorités gouvernementales persistent à oublier les promesses de régularisation faites il y a quatre ans, en période électorale, aux sans-papiers, ils portent l'entière responsabilité des conséquences dramatiques de cette grève de la faim. Mais feignant d'ignorer tout cela, le préfet, lors de la dernière entrevue, le mardi 30 octobre, a continué sa politique de goutte à goutte, acceptant de régulariser deux dossiers et en soumettant trois autres à conditions. Des autres dossiers, ainsi que des refus, il n'a pas été question.

Les sans-papiers sont bien décidés à ne pas relâcher la pression. Lundi 29 octobre, ils s'étaient rendus à la préfecture ; mardi, ils y sont retournés en délégation, ils y sont aussi mercredi pour soutenir Ali. Ils n'ont pas l'intention de baisser les bras, jusqu'à ce que l'ensemble de leurs camarades soient régularisés.