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- Lutte ouvrière n°1742
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Dans les entreprises
McDonald's n'a pas de dossier contre cinq employés, mais il les licencie quand même !
Depuis quarante jours, les travailleurs du McDo de Strasbourg-Saint-Denis sont en grève et le McDo est fermé. Depuis 40 jours, les grévistes viennent tous les jours devant le restaurant distribuer des tracts, expliquer les raisons de leur mouvement, à savoir leur refus du licenciement de cinq d'entre eux à qui leur patron reproche "d'avoir commis des détournements à l'occasion d'opérations de caisse". En réalité, il s'agit du licenciement de jeunes employés qui avaient décidé de s'organiser syndicalement et de se présenter comme candidats aux élections de délégués du personnel, pour défendre leurs conditions de travail et pour de meilleurs salaires.
Tous les samedis, les grévistes font le tour de plusieurs McDo, qu'ils bloquent pour expliquer les raisons de leur mouvement aux autres salariés de chez McDo et aux clients. À ces occasions, comme tous les jours à Strasbourg-Saint-Denis, ils rencontrent de nombreux gestes de solidarité.
Depuis plusieurs jours, la direction de McDo consacre beaucoup de temps à tenter de convaincre les journalistes que les jeunes licenciés sont des délinquants particulièrement astucieux, à l'origine d'un détournement d'un million de francs.
Mais une mauvaise nouvelle vient de tomber pour la direction. Après avoir mené son enquête, l'inspectrice du travail a refusé le licenciement d'un des cinq salariés mis en cause, après avoir relevé "l'existence d'un lien entre la procédure de licenciement engagée à son encontre et son action en faveur de la mise en place de l'élection de délégués du personnel".
Le même jour, les deux premiers à avoir reçu leur lettre de licenciement se présentaient aux référés des Prud'hommes de Paris, pour faire constater le caractère discriminatoire de leur licenciement et faire condamner McDonald's à les réintégrer.
Convoqués à 13 h, ils sont repartis à 20 h 30, sans avoir pu faire entendre leurs arguments, l'avocate de la direction ayant déployé un trésor d'imagination et de procédés manoeuvriers pour obtenir un renvoi à la date du 19 décembre, sous prétexte qu'elle n'avait pas eu le temps de constituer un dossier complet.
"Ils n'ont pas de dossier, mais ils nous licencient !", ont dit les jeunes employés. Ecoeurés, mais pas découragés, ils sont repartis décidés à revenir aussi nombreux le 19 décembre et à se retrouver dès le lendemain devant le McDo de Strasbourg-Saint-Denis pour continuer leur lutte.