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Dans les entreprises
Hôpitaux : Les 35 heures à la sauce Guigou ne passent pas !
CHU de Rennes : la grève continue
Au Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Rennes, nous sommes en grève depuis le 17 décembre contre les conditions de la mise en place des 35 heures à l'hôpital. Après la période des fêtes, la grève a repris sa forme habituelle avec, le matin, une assemblée générale commune à tous les établissements. 200 à 300 personnes se retrouvent pour reconduire la grève qui est suivie par 20 à 25 % de l'effectif. Des assemblées se tiennent dans différents établissements du CHU, l'après-midi.
Chaque jour, des actions sont organisées : manifestation à la direction, opération gratuité des consultations, blocage de la transmission de certaines données à l'informatique, opérations self gratuit.
Lundi 7 janvier, une délégation a participé à l'assemblée générale de nos collègues de l'hôpital psychiatrique, qui ont décidé de faire grève une heure reconductible à partir du lendemain.
Mercredi 9, les grévistes du CHU et de l'hôpital psychiatrique ont réussi à pénétrer dans les bureaux de l'Agence régionale de l'hospitalisation, malgré une légère présence policière qui a été bousculée. Après avoir occupé les locaux pendant une heure trente, les manifestants ont quitté les lieux avec un rendez-vous avec la directrice de l'Agence pour le lendemain.
Jeudi 10 janvier, 150 manifestants des deux établissements se sont, à nouveau, retrouvés devant l'Agence régionale de l'hospitalisation. Mais cette fois la police était venue en nombre et n'avait pas l'intention de se laisser surprendre ! A la délégation qui a été reçue, la directrice a annoncé la venue d'une mission de médiation "pour renouer le dialogue". Comme s'il s'agissait d'un problème de communication, et non d'un manque d'effectifs ! Elle a d'ailleurs confirmé que le nombre d'emplois accordés ne compensait pas la réduction du temps de travail, mais que la RTT devait être l'occasion d'une mise à plat des organisations, pour obtenir des gains de productivité.
Il lui a été répondu que c'était mal parti. Depuis des années, on nous en demande toujours plus. Alors, nous demander d'effectuer en 7 h 30 le travail qu'on n'arrive déjà pas à faire en 8 heures, cela ne passe pas ! Le personnel ne veut pas de 35 heures qui seraient mises en place dans des conditions lamentables, pour lui comme pour les malades. Certains hôpitaux envisagent déjà de fermer davantage de lits pour financer la mise en place des 35 heures !
Vendredi 11 janvier, après une opération escargot sur la rocade, les grévistes de Rennes ont rejoint la manifestation départementale organisée à Redon, où la directrice de l'Agence régionale devait visiter l'hôpital. Plusieurs établissements du département étaient aussi en grève et la manifestation de 400 personnes était dynamique, malgré la pluie et l'absence de la directrice de l'ARH qui avait préféré annuler son déplacement.
Lundi 14 au soir, nous nous sommes retrouvés à 200 pour intervenir au Conseil municipal de Rennes. Il y avait de l'ambiance et les manifestants ont montré leur détermination au maire socialiste Hervé, ancien ministre de la Santé qui, bien évidemment, s'est fait huer quand il a défendu les 35 heures à la sauce gouvernementale.
Une manifestation régionale est en préparation pour le 22 janvier et il semble que les fédérations CGT, FO et CFTC sortent un peu de leur inertie. Elles appellent à un mouvement national reconductible à partir du 21 janvier et à une manifestation nationale fin janvier. Espérons que les hospitaliers seront plus rapides et que, d'ici là, la grève aura gagné de nombreux établissements.
Correspondant LO
Hôpital de Dunkerque : recul de l'administration
L'administration des hôpitaux avait prévu de fermer le service des enfants prématurés de l'hôpital de Dunkerque, en disant qu'il faudrait que ce service soit attenant à un maternité. Devant la protestation organisée par les syndicats CGT et CFDT de l'hôpital, dont la pétition a obtenu plus de 11 000 signatures dans l'agglomération, l'Agence régionale de l'hospitalisation a reculé.
Elle dit maintenant que ce service continuera tant qu'un ensemble entre la polyclinique de Grande-Synthe et le centre hospitalier de Dunkerque ne sera pas crée.
Même si tout n'est pas réglé à long terme, ce qui a été efficace a donc été la réaction des syndicats, du personnel et de la population.
Centre hospitalier Esquirol-Limoges : toujours en colère
La direction du centre hospitalier Esquirol, à Limoges, a réuni séparément les 3 syndicats (FO, CGT, CFDT) juste avant Noël pour présenter ses propositions sur la réduction du temps de travail (RTT).
Ces propositions remettent en cause les acquis locaux obtenus depuis vingt ans. Les soignants devraient travailler plus de jours qu'actuellement et feraient une demi-heure de travail en moins par jour. Les services techniques, généraux et administratifs ont actuellement, sur les trois quarts d'heure de repas, une demi-heure comptée comme temps de travail effectif. Cet acquis disparaît.
Quant aux équipes de nuit, en leur décomptant leur journée en heures, elles se retrouvent avec seulement 20 jours de congés annuels par an.
Et en plus il n'y aura que 9,22 embauches pour 2002, et 35 sur trois ans !
Un Comité technique d'établissement (CTE) était prévu le 8 janvier pour discuter de la RTT. A l'appel de FO et de la CGT, nous sommes venus dire à 230 que nous refusions ces propositions. Puis en assemblée générale, nous avons décidé de faire une manifestation dans l'hôpital, de ne plus prendre les repas de l'hôpital, de faire la grève administrative, d'aller nombreux le jeudi 10 janvier aux voeux du directeur, et la grève pour le 25 janvier, jour où se tient le Conseil d'aministration sur la RTT.
En catimini, le mercredi 9, la CFDT a signé un accord local qui reprend en gros les propositions de l'administration. Mais jeudi 10, nous étions 150 manifestants dynamiques, venus scander "Pas de RTT journalière", et "20 jours de RTT pour tous" devant le directeur et un parterre de cadres. Tout ce beau monde avait triste mine devant les manifestants, et la représentante de la CFDT s'est fait conspuer quand elle a pris la parole. Les manifestants sont sortis de la salle en criant "Vendue".
Jeudi 17 janvier une autre assemblée générale était prévue. L'idée d'une vraie grève reconductible est discutée un peu partout dans les services.
Correspondant LO
Hôpital de Boulogne/Mer : ça ne fait pas le compte
L'hôpital de Boulogne-sur-Mer est un des hôpitaux du pays les plus mal dotés en crédits et en personnels. A tel point qu'en 1998 Kouchner, ministre de la Santé, avait promis, ferme et par écrit, de donner 24 millions de francs supplémentaires pour compenser le manque de crédits par rapport à l'activité de l'hôpital. Promesse de ministre ! L'hôpital a touché 5 millions et depuis rien.
Alors les 35 heures, c'est la catastrophe. Normalement, 35 heures, ça devrait faire 10 % d'embauches supplémentaires. L'accord signé au niveau national, qui est déjà scandaleux, ne prévoit que 6 % d'embauches. Et ce que la direction régionale propose, c'est le bouquet : seulement 3,7 % d'embauches, soit 56 emplois sur trois ans, ce qui est dérisoire. Et pour le personnel, la direction propose 40 heures par semaine et 12 jours de réduction du temps de travail (RTT), ce qui est très loin de faire le compte.
Ça ne passe pas, et les salariés de l'hôpital ont fait un tract en direction de la population, distribué sur le marché, pour dénoncer le manque de moyens pour la santé. Et fin décembre, ils étaient plus de 500 à se retrouver devant le conseil d'administration de l'hôpital. De quoi faire ravaler pendant un moment le mépris de la direction. Mais beaucoup commencent à penser que, pour vraiment faire reculer l'administration, il faudra une mobilisation bien plus forte.
CHU de Grenoble : situation insoutenable aux urgences
Lundi 7 et mardi 8 janvier ont été des jours noirs aux Urgences de l'hôpital de Grenoble. Il y a eu un record d'affluence comme on n'en avait jamais vu. Les malades étaient installés partout : dans les couloirs de Médecine, de Chirurgie, de la Polyclinique, du secteur psychiatrique et même dans celui d'accès principal. Des lits supplémentaires, d'habitude en réserve pour les plans d'urgence, ont été utilisés d'abord à l'accueil, puis dans les différents services. Ces derniers étant bondés, les nouveaux arrivants se retrouvaient encore dans les couloirs.
En une semaine, six personnes sont décédées aux Urgences, un chiffre supérieur aux chiffres habituels.
Cette situation de crise avait commencé pendant la période des fêtes. Plusieurs facteurs se sont conjugués pour aboutir à cette situation. D'abord, la fermeture de nombreux lits, voire d'unités entières, afin de permettre au personnel de prendre les derniers congés de l'année 2001. Mais la pénurie générale d'infirmières dans certains services de réanimation a aussi contraint à la fermeture de quinze lits du secteur de médecine, afin d'affecter le personnel ainsi libéré aux secteurs de réanimation, prioritaires.
Ensuite, la grève des médecins libéraux a poussé davantage de malades vers l'hôpital. Il faut ajouter encore des arrêts maladie, fréquents en cette période hivernale et très peu remplacés. Et, pour compléter, l'application des 35 heures, qui a commencé le 1er janvier et a créé une belle pagaille.
En effet, les 35 heures à la sauce du directeur, c'est 7 h 30 par jour, au lieu de 8 heures auparavant. Du coup, ces horaires imposés ne permettent plus de faire sérieusement les transmissions de consignes entre les équipes, ou alors, il faut accepter un quart d'heure ou une demi-heure supplémentaire. Aucune information pratique sur la réduction du temps de travail n'a été transmise dans les services, ce qui a autorisé certains cadres à procéder à des applications fantaisistes qui n'ont pas manqué de faire réagir le personnel.
Un peu partout dans les services, l'ambiance actuelle est fébrile. Et trop, c'est trop ! Les meilleures conditions de soins aux malades ne sont pas réunies et le personnel est soumis à des tensions qui ne pourront durer. Il est plus que temps que la direction embauche et rouvre des lits.