Textile Métropole lilloise : Comment licencier sans payer d'indemnité ?18/01/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/01/une-1747.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Textile Métropole lilloise : Comment licencier sans payer d'indemnité ?

M. Meillassoux fait parler de lui depuis plusieurs années, surtout depuis le mois de juin de 2001, quand il a mis en liquidation judiciaire la filature d'Hellemmes à Lille pour ne pas avoir à supporter les charges du licenciement du personnel et délocaliser aux moindres frais en Turquie.

Il récidive cette année 2002 avec les deux dernières filatures dans le Nord, à Lomme (Lille) et à Tourcoing, employant au total 147 salariés. Le 27 décembre dernier, il a cédé les 147 salariés à un particulier, tout en restant propriétaire des murs, des machines, des matières premières et des produits finis. Et il loue le personnel du nouveau patron des 147 salariés !

Comme la mise en liquidation judiciaire d'une entreprise qui ne fait pas encore des pertes, cette nouvelle combine serait légale. Ce n'en est pas moins une nouvelle arnaque pour les ouvriers qui y travaillent. Meillassoux pourrait très bien vendre les murs et les machines et partir où bon lui semble et laisser une fois de plus les AGS (Assurance Garantie des Salariés) et les pouvoirs publics se débrouiller avec les salariés ayant perdu leur travail.

Pourtant ce M. Meillassoux n'est pas un inconnu : il est le numéro deux de l'Union des Industries Textiles (UIT), et signataire à ce titre du Plan Régional Textile Habillement avec les dirigeants régionaux de la gauche plurielle. Le numéro un de l'UIT n'est autre que Guillaume Sarkozy, frère de l'ancien ministre de droite du même nom. Le Plan Textile en question a reçu l'agrément de la droite, ce qui, en soi, est révélateur du contenu du plan. Il a pourtant été présenté par le PC et le PS comme un plan favorable aux travailleurs. En fait, il s'agit surtout d'une aide apportée aux patrons du textile pour faciliter plusieurs milliers de licenciements. Les fonds publics devant servir à prendre en charge des formations pour permettre aux salariés de changer d'orientation professionnelle.

Après plusieurs mois de lutte, les 123 salariés de la filature d'Hellemmes avaient obtenu que Meillassoux revienne négocier et cède 80 000 francs d'indemnité supplémentaire de licenciement. Le préfet et la mairie de Lille, dirigée par Martine Aubry, disaient soutenir les salariés. Ils n'ont cependant pas imposé qu'il signe le protocole. Et aujourd'hui, alors qu'il semble que ce patron se prépare à ne pas verser les 70 000 francs restants par salarié, les autorités ne requièrent pas la police et la gendarmerie pour l'obliger à tenir ses engagements. C'est pourtant un vol caractérisé, et des délinquants se retrouvent en prison pour moins que ça.

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