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- Lutte ouvrière n°1748
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Leur société
Enseignement - La campagne contre la violence dans les lycées : Un coup de bluff qui ne coûte pas cher
Au travers d'un "manuel lycéen contre la violence" qui doit être distribué gratuitement aux jeunes en Ile-de-France, le ministère de l'Education nationale se fait mousser à peu de frais. D'ores et déjà, cette campagne s'avère un coup de bluff qui ne risque guère d'être suivi d'effet.
Vice-président du Conseil régional d'Ile-de-France chargé de la sécurité, le député socialiste Julien Dray a déclaré au Parisien : "Avec ce livre (qu'on nous dit rédigé par les lycéens eux-mêmes), les victimes ne se sentiront plus seules. Mon rêve, c'est que les caïds soient mis au ban des lycées" !
Le manuel a adopté un style très pédagogique. Il recense les diverses formes de violence dont peuvent être victimes les jeunes, illustrées par des témoignages de victimes. Les numéros de téléphone pour contacter associations ou autres services d'aide en cas de besoin (violences familiales, sexistes ou racistes) peuvent se révéler utiles, même si parfois les rédacteurs font preuve de naïveté, quand ils conseillent par exemple aux lycéens d'organiser un débat dans chaque classe ou de réécrire le règlement intérieur afin de lutter avec efficacité contre la violence !
Mais à aucun moment, il n'est question des problèmes sociaux, à aucun moment n'est mis en évidence le manque flagrant de personnel enseignant, administratif, social et de surveillance qui rendent improbables bien des "solutions" proposées dans le livre. Car à quoi bon conseiller à un jeune d'aller discuter avec l'infirmière quand le poste de cette dernière n'est pas pourvu comme c'est le cas souvent ; ou de s'adresser au Rectorat qui gère la pénurie et fait bien souvent la sourde oreille. Le Conseil régional d'Ile-de-France est également à l'origine de ce manuel. Cela ne manque pas de sel, lui qui ne sait pas trouver l'argent pour financer les travaux qui sécuriseraient les abords des établissements scolaires, situés au coeur de cités difficiles.
Sensibiliser les jeunes lycéens à la violence en milieu scolaire serait une initiative louable à condition de s'en donner vraiment les moyens. Pourquoi limiter même la simple information à quelques sélectionnés, à l'instar de ce lycée de proche banlieue de plus de 1 000 élèves, où il a été "offert" aux seuls élus du Conseil de vie lycéenne et autres délégués de classe, soit en tout et pour tout à peine plus d'une centaine de personnes ! Cela en dit long sur le caractère purement publicitaire de cette opération.