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Leur société
Nord-Pas-de-Calais, les maisons des mines : Des conditions de logement scandaleuses
Les compagnies minières, puis les houillères nationales, avaient de tout temps logé les mineurs et leur famille dans des corons et des cités minières avec plus ou moins de confort. Les Houillères ont fermé et laissé derrière elles un parc immobilier de plus de 70 000 logements avec de gros problèmes de rénovation. Dans un secteur où le déficit en logements est important, cet héritage, son coût et sa gestion sont âprement disputés entre l'État et les communes de l'ancien bassin minier, sans parler des rivalités entre communes elles-mêmes.
Ce patrimoine immobilier est aujourd'hui géré par la SOGINORPA. Cette société s'occupe des logements des "ayants droit", c'est-à-dire les anciens mineurs ou veuves de mineurs, qui ne payent pas de loyer. Elle loue aussi des maisons à des particuliers. De nombreuses autres maisons ont été vendues, en particulier les maisons des anciens directeurs, ingénieurs ou médecins des mines, beaucoup plus grandes et confortables, certaines avec d'immenses jardins. Ainsi, la municipalité de Billy-Montigny, dans le Pas-de-Calais, a fait son jardin public dans le "parc" d'une ancienne maison d'ingénieurs !
Des 12 000 logements miniers du secteur de Lens-Liévin, seule la moitié dispose d'un chauffage au gaz de ville... Dans l'autre moitié, on se débrouille... et aujourd'hui encore c'est le chauffage au charbon qui domine, avec tous les risques qu'il comporte, en particulier les intoxications au monoxyde de carbone. Ce n'est guère confortable : le convecteur de charbon chauffe bien une pièce, pas les autres... Et quand le chauffage tombe en panne, vu la mauvaise qualité des murs, l'humidité s'installe, les papiers peints se décollent. Ainsi, au début du mois de janvier, la presse faisait état des 5° de température chez une Lensoise, locataire de la SOGINORPA.
Au problème du chauffage s'ajoutent les problèmes de fourniture en eau chaude et maints autres problèmes de rénovation.
En effet, les rénovations ont pris des retards considérables. Nombre d'occupants des logements des Mines ont réalisé, à leur frais, des installations et des modifications, à force de ne rien voir venir. Ou les rénovations, au bout de longues années d'attente, sont faites en dépit du bon sens. Ainsi, à Liévin, une veuve de mineur, très âgée, a enfin vu arriver l'entreprise d'installation du chauffage au gaz au mois de décembre 2001, quand les températures étaient en dessous de 0° ! Et les travaux durent toujours à la mi-janvier... Ailleurs, ce sont les fenêtres qui ferment mal, les volets inadaptés aux fenêtres, ou encore, une fois le logement loué et occupé, les fenêtres restent occultées pendant des semaines par des plaques en fer qui protégeaient la maison à rénover et qui n'ont pas été enlevées...
Les maisons louées par la SOGINORPA sont des logements sociaux. Mais beaucoup sont inoccupées et laissées à l'abandon, faute de rénovation, malgré le manque de logements et surtout de logements sociaux dans le bassin minier. Ce scandale est dû en grande partie aux crédits limités versés par l'État pour la rénovation.
Et quand on apprend que le ministère des Finances veut vendre aux communes les 70 000 logements pour 460 millions à 1 milliard d'euros (3 à 7 milliards de francs), le scandale est encore plus scandaleux... Les habitants du bassin minier ou leurs parents qui ont payé leurs logements avec leur sueur devraient aujourd'hui payer une deuxième fois le patrimoine immobilier, et les rénovations en plus !