Le Conseil régional Nord-Pas-de-Calais a voté, droite et gauche ensemble, la décentralisation du transport ferroviaire régional. Mais la situation n'est pas bonne, déjà au départ.

L'augmentation du trafic de la SNCF n'a pas entraîné d'augmentation du personnel. Les nouvelles embauches prévues (bien peu sont réalisées) ne compenseront même pas les départs en retraite. Le matériel vétuste n'est pas remplacé au rythme nécessaire. Les voies sont déjà largement surchargées, et il n'est pas rare que les cheminots se demandent quel train il vaut mieux supprimer pour que les autres roulent.

Pour le personnel des voies et bâtiments, le travail d'entretien se fait maintenant même de nuit, avec tous les risques que cela comporte. Pour le personnel roulant, il n'est quasiment plus possible de récupérer les jours auxquels il a droit. Les directions font de plus en plus pression pour que les retraités ne partent pas, et pour prolonger leur travail d'un an ou deux. Dans les ateliers, c'est maintenant le flux tendu : il n'y a pas de matériel d'avance. Tout est centralisé dans quelques endroits, ce qui amène des engorgements. Les pénalités prévues par la convention Région-SNCF aggravent encore les choses car, sans personnel supplémentaire, les chefs veulent quand même que tout aille plus vite.

Au bout de tout cela, il y a les risques accrus, la dégradation du service et, bien sûr, la voie ouverte à la privatisation qui sera présentée comme une amélioration, alors que l'exemple voisin de l'Angleterre montre au contraire que c'est un recul considérable. Les élus de Lutte Ouvrière au Conseil régional ont voté contre les mauvais coups qui se préparent, constatant notamment au cours de leur intervention :

"Le TER ne transporte aujourd'hui que 40 000 voyageurs par jour, moins de 3 % des déplacements quotidiens. Les autres modes de transport en commun arrivent tout juste à 10 %. C'est en voiture individuelle que s'effectuent 85 % des déplacements. Non pas par un quelconque "attachement à l'automobile, mais à cause de la puissance des trusts automobiles et des entreprises privées de travaux publics, soutenus par les pouvoirs publics.

"La rareté des transports en commun, voire leur absence totale, condamne la population à la voiture malgré son coût, ses dangers, le temps perdu et la pollution qu'elle génère. Plus de la moitié des habitants du Nord-Pas-de-Calais habitent au-delà de 5 kilomètres d'une gare et, dans quatre cas sur dix, il n'y a pas de moyen de transport collectif pour s'y rendre..."

Et ce n'est pas la régionalisation qui donnera vraiment aux transports collectifs les moyens financiers de se développer.