La Poste Paris 10 : Trois jours de grève pour l'embauche des CDD22/02/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/02/une1752.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

La Poste Paris 10 : Trois jours de grève pour l'embauche des CDD

On sait que La Poste vise à remplacer de plus en plus les fonctionnaires par des contractuels, avec des contrats de droit privé donc. Mais de plus, comme toutes les entreprises, publiques ou privées d'ailleurs, elle tend aussi à employer des précaires plutôt que des embauchés fixes. Ainsi, depuis un an, la direction locale du bureau de Paris 10 emploie abusivement un nombre toujours plus important de travailleurs en contrat à durée déterminée (CDD). Ce qui avant se faisait pendant les vacances d'été devient la règle tout au long de l'année. Maintenant, alors que nous sommes 250 postiers sur le bureau, 26 de nos collègues sont des CDD, embauchés pour deux ou trois mois, renouvelés ou remplacés à la fin de leur contrat. Ce qui entraîne des trous dans les effectifs pourtant loin d'être suffisants puisque cinquante tournées de distribution du courrier n'ont pas été assurées sur le seul mois de janvier.

Lundi 11 février, lors d'une prise de parole les deux principaux syndicats du bureau, CGT et SUD, dénonçaient le manque d'effectifs et annonçaient le dépôt d'un préavis de grève pour le vendredi, dernier jour du contrat pour neuf de nos collègues CDD. Mais la moitié des facteurs n'attendant même pas le délai prescrit cessaient le travail sur le champ. Et 20 des 26 CDD rejoignaient le mouvement et s'organisaient, aidés par des militants, pour déposer une demande collective de CDI (contrat à durée indéterminée) auprès de la direction.

Ce fait un peu inhabituel (on sait qu'il est difficile pour les précaires de participer à des grèves) fut d'autant plus noté et apprécié de l'ensemble des grévistes que le mardi matin, lors de l'assemblée générale, un des CDD dénonça la galère de ces contrats à répétition et expliqua la volonté qui était la leur d'être embauchés en fixe.

Au troisième jour de la grève, celle-ci, loin de faiblir, menaçait plutôt de s'installer. Des postiers organisaient un affichage de tracts dans les halls des immeubles où ils distribuent le courrier et vérifiaient que leurs usagers comprenaient et soutenaient les revendications. La direction eut alors recours à un chantage d'autant plus mesquin qu'il visait directement ceux qui étaient dans la position la plus précaire pour faire plier par ricochet les autres : sous prétexte que le début de la grève n'avait pas respecté le préavis obligatoire, soit les CDD reprenaient le travail, soit elle leur faisait parvenir dans la matinée même leur lettre de licenciement. Un chantage qui aurait pu aussi être vide de sens : que signifiait licencier des travailleurs dont le contrat finissait de toute manière à la fin de la semaine ? Mais chantage auquel les premières à céder furent les directions syndicales qui, sous prétexte de ne pas prendre la responsabilité du licenciement des CDD, les appelèrent à reprendre le travail.

Il faut croire pourtant que la direction n'était pas trop sûre d'avoir porté un coup décisif au mouvement en obligeant les CDD à l'abandonner. Elle concédait dans la matinée la prolongation de leurs contrats jusqu'en juin.

Ces trois jours de grève n'ont donc pas été totalement inutiles. Mais en reprenant le travail jeudi matin 14 février, bien des grévistes étaient conscients que pour imposer l'embauche en CDI de tous les CDD du bureau il faudra se battre à nouveau dans quelques mois, en se préparant cette fois-ci d'avance et sérieusement à déjouer les pièges et à ne pas céder aux chantages.

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