Le trafic postal livré aux capitalistes ?15/03/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/03/une1755.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le trafic postal livré aux capitalistes ?

Dans le trafic postal, comme dans les télécommunications et l'énergie, certains rêvent d'une libéralisation accrue. Cela fait déjà plusieurs années que les entreprises de messagerie, qui se sont déjà taillé une grosse part dans le marché des colis expédiés par les entreprises, lorgnent sur celui du courrier. Depuis des années, la Commission de Bruxelles cherche, tout comme les gouvernements européens, à libéraliser le trafic postal.

Vers une libéralisation du trafic postal

C'est en effet un très gros marché. Rien qu'en France, le courrier représente 10 milliards d'euros par an.

Certains pays ont déjà complètement libéralisé le courrier. C'est le cas de la Suède. Il reste à la poste ce qui ne rapporte pas, et celle-ci est devenue très déficitaire. Les usagers paient le timbre 70 % plus cher (0,86 euros, soit 5,65 F) ; les tarifs diffèrent selon les zones géographiques ; le nombre des bureaux est passé de 1934 à 922. Les bureaux disparaissent dans les zones rurales et les retraités doivent aller aux stations-service pour percevoir leur pension. 25 % des emplois ont été supprimés en huit ans. Dans d'autres pays, on s'achemine à grands pas vers une privatisation.

Les capitalistes du trafic postal sont intéressés par le courrier des entreprises, par l'acheminement dans les grands centres urbains, mais pas par la lettre à 0,46 euros (3F) qu'on achemine dans un petit village, ni par les différentes missions dites de " service public " de La Poste, en particulier l'ouverture de nombreux bureaux de proximité. La Poste française garde ainsi 17 000 bureaux, dont beaucoup en zone rurale, bureaux qui jouent un rôle social évident, mais ne sont pas " rentables " du point de vue capitaliste. Quand entreprises et gouvernements réclament une libéralisation accrue en invoquant le " choix " des usagers, ce sont des hypocrites : une " libéralisation " se traduirait peut-être par une baisse des tarifs pour les entreprises, mais en tout cas au prix d'une dégradation du service pour les particuliers. En particulier, c'en serait fini du prix unique du timbre, et plusieurs milliers de bureaux fermeraient.

Des postes privatisées ?

Jusqu'à présent, aucune poste n'est devenue complètement privée en Europe, mais c'est en bonne voie, si on peut dire. Les plus grosses postes européennes, la poste allemande et la poste néerlandaise, sont désormais cotées en Bourse. En dix ans, la poste allemande a supprimé 140 000 emplois, et voudrait rémunérer ses postiers au rendement personnel. La poste néerlandaise veut fermer la moitié de ses bureaux. La poste anglaise est toujours, formellement, une entreprise contrôlée à 100 % par l'Etat, mais a autrement tous les attributs d'une entreprise privée, ce qu'elle devrait devenir prochainement. Sous l'égide du gouvernement Blair, rebaptisée " Consignia ", elle a annoncé en décembre dernier 30 000 suppressions d'emplois (sur 200 000). Elle veut également se débarrasser des 4 000 chauffeurs qui conduisent ses camions, en en faisant des artisans à leur compte, ainsi que de 3 000 bureaux de poste en zone rurale.

Partager