A propos d'insécurité...violence patronale dans l'Allier15/03/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/03/une1755.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

A propos d'insécurité...violence patronale dans l'Allier

Pour les travailleurs du département de l'Allier, la cause majeure d'insécurité est le risque de perdre son emploi. Depuis quelques années, nombreuses ont été les entreprises à réduire leurs effectifs, parfois dans des proportions importantes comme encore récemment à Goodyear (anciennement Dunlop) à Montluçon, avec la suppression de plus de 400 emplois sur environ 1200.

Mais il s'y ajoute également la violence physique des mercenaires patronaux. Ainsi, en l'espace d'un mois et demi, des vigiles sont intervenus dans deux entreprises différentes, l'une située à Cusset, l'autre à Commentry, pour y faire régner la loi du plus fort.

A Cusset prés de Vichy, les 104 salariés de l'entreprise Applifil-Vanel, spécialisée dans la production de ressorts craignant la délocalisation de leur usine, avaient organisé un piquet de surveillance afin d'éviter le transfert de 34 machines présentes sur les deux sites menacés. Dans la soirée du 11 janvier, vers 21 heures, alors que quelques employés seulement veillaient aux portes des deux ateliers, plusieurs dizaines de vigiles faisaient brutalement irruption, forçant le barrage pour investir l'une les usines. Des violences physiques s'ensuivirent, à la suite desquelles deux salariés ont porté plainte pour coups et blessures. Les vigiles, appartenant à une entreprise de Lausanne (Suisse) ont même molesté au passage le député socialiste local venu se rendre compte sur les lieux.

Dans le même temps, on apprenait la présence dans l'agglomération d'une quarantaine de semi-remorques se tenant prêts à gagner Cusset et à procéder au déménagement d'Applifil.

A Commentry près de Montluçon, chez 2MSI (entreprise de montage de machines spéciales de l'industrie, assemblant des nacelles), entreprise en liquidation judiciaire depuis le l' février, les 41 travailleurs menacés de perdre leur emploi ont décidé d'occuper les locaux à partir du 6 février, afin notamment d'empêcher la livraison de 58nacelles déjà assemblées en attendant l'ouverture de négociations. Le 21 février, le juge des référés du tribunal de grande instance de Montluçon a ordonné " l'expulsion des salariés avec de l'heure 24 heures l'aide de la force publique si nécessaire ". Mais le 6 -mars à 4h30 du matin, c'est une vingtaine de gros bras, cagoulés appartenant à une entreprise de gardiennage et de sécurité (!), accompagnés de quelques cadres et du liquidateur, qui ont investi le site, défonçant les grillages à l'aide d'un 4x4. Ils réussirent à sortir 3 nacelles et s'emparèrent des locaux qui, pour comble, appartiennent à la commune de Commentry !

Tout comme à Cusset, de nombreux camions attendaient à l'écart pour procéder à la récupération du matériel.

L'indignation fut grande parmi les travailleurs de l'entreprise et la population locale, d'autant que l'un des vigiles s'est vanté auprès de l'un des ouvriers d'être rémunéré 190 F del'heure 24 heures sur 24. Quoi qu'il en soit, le coût global de cette opération de commando, pour un patron avare d'augmentations de salaires, est certainement très loin d'être gratuit.

Dans l'un et l'autre cas, l'affaire n'est pas terminée et les patrons concernés, grâce à la solidarité des travailleurs des entreprises voisines et des autorités communales et députés locaux, ne sont pas totalement parvenus à leurs fins. Des négociations sont en cours. Mais, quelle que soit l'issue, ici, le capital, même s'il prend encore la peine de masquer parfois ses hommes de main, montre bien son vrai visage. Arrogant, méprisant les travailleurs, n'hésitant pas à employer la force pour défendre ses intérêts, au besoin en passant pardessus les lois, pourtant largement en sa faveur.

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